Dans le sol de France, l'industrie minière creuse de nouvelles pistes
FILON•A l'occasion de la sortie de la série Germinal sur Salto, 20 Minutes explore le monde de la mine...Jeanne Lemercier
On ne voulait plus en entendre parler. La mine, son dur labeur, ses dangers (qui font aujourd’hui l’actualité avec la sortie de la série Germinal sur Salto), c’était du passé. Le XXe siècle avait clos le chapitre du charbon, mis un voile sur celui des métaux rares et précieux. Aujourd’hui, seules les mines de sel et de bauxite (aluminium) tournent à plein régime.
Pourtant, les ressources des sous-sols français sont loin d’être tombées dans les oubliettes : « Il y a depuis quelques années de nombreuses demandes de permis de recherche sur tout le territoire, indique David Salze, géologue spécialiste de l’impact environnemental dans l’industrie minière. Des industriels miniers cherchent à sonder les sols bretons, alsaciens, auvergnats… » Parmi les biens les plus prisés : le lithium, dont on fabrique les batteries des véhicules électriques. Mais aussi l’or, le cuivre, le tungstène, le zinc, le plomb.
Coût pour l’environnement et la santé
En 2015, alors ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui prônait le Made in France, avait mis le sujet sur la table en autorisant à sonder les sols du pays. Dans la foulée, de nombreux permis de recherche avaient été étudiés par le ministère et beaucoup sont encore régulièrement déposés, comme le montre cette carte établie par l’association Ingénieurs sans frontières.
« Depuis 2017, deux ou trois à peine sont accordés chaque année », selon David Salze, consultant pour le bureau d’études ATDX à Nîmes après avoir enseigné à l’école des mines d’Alès. Alors, la mine est-elle vraiment de retour ? « En réalité, les projets n’aboutissent pas car ils se heurtent à une résistance locale », constate-t-il. C’est par exemple le cas en Ariège où le permis de recherche obtenu en 2017 a été annulé en 2019 après une immense mobilisation. « La mine pâtit d’une mauvaise réputation, c’est un fait, et certains territoires ruraux souffrent toujours de la pollution de sites abandonnés. »
Gérer l’après-mine
La mine du XXIe siècle se présente donc sous un jour nouveau : responsable. « On sait faire autrement, avec de nouvelles techniques moins polluantes, en contrôlant les impacts environnementaux en amont et pendant les phases d’exploitation, plaide David Salze. Il y a des solutions. »
Preuve récente qu’exploitation minière et écologie cherchent à être compatibles : l’intégration du code minier dans la loi climat. « Les sites devront par exemple être gérés par les industriels jusqu’à trente ans après la fin de l’exploitation, note le spécialiste. Et côté conditions de travail, tout étant mécanisé, il n’y aurait plus de métiers vraiment pénibles. » Autrement dit : en 2021, Etienne Lantier aurait été un conducteur d’engins.
Notre dossier sur l'héritage des mines