En matière d’énergie solaire, la Cerdagne en connaît un rayon. La région, située en Occitanie, dans l’est du massif des Pyrénées (Pyrénées Orientales), bénéficie d’un ensoleillement annuel important qu’elle exploite depuis des décennies. « La Cerdagne joue un rôle de précurseur dans le domaine de l’énergie solaire », assure Jean-Louis Bal, président du syndicat des énergies renouvelables.

Dernier exemple en date, l’inauguration en septembre de la centrale solaire de Llo. On y produit de la vapeur d’eau grâce à la concentration thermodynamique, un système de miroirs qui réfléchissent les rayons du soleil sur des tubes dans lesquels circule de l’eau. La concentration les chauffe à plus de 280 °C et produit de la vapeur. Celle-ci alimente ensuite une turbine qui, couplée à un alternateur, fabrique de l’électricité.

Une centrale unique au monde

Jean-Louis Bal rappelle que ce système d’orientation des miroirs « a permis de produire de l’électricité solaire dès 1983 à la centrale de Thémis ». Egalement située en Cerdagne, elle est devenue en 2012 l’une des premières plateformes européennes de recherche et développement sur les technologies solaires concentrées thermodynamique et photovoltaïque.

Mais sa grande sœur, la centrale de Llo, possède une particularité qui la rend unique au monde : une capacité de stockage. L’un des problèmes majeurs des installations de production d’électricité à partir d’énergie renouvelable est ici contourné en stockant la vapeur d’eau. « Nous avons 1.000 mètres cubes de stockage. C’est comme une grosse cocotte-minute, explique Remy Icard, directeur de projet à Suncnim, qui a conçu la centrale. La production de vapeur n’est possible que par un ensoleillement direct. Lorsqu’il y a des nuages, le stockage permet de maintenir une alimentation constante de la turbine. »

Un intérêt accru de l’armée

Une avancée déjà exploitée. « Le CNRS-Promes, pionnier dans le domaine du solaire, récupère toutes les données de fonctionnement de l’installation à des fins de recherche, détaille Remy Icard. L’objectif est d’optimiser tout le cycle de production, dont le stockage, afin de produire un maximum d’énergie. » L’équipe du CNRS est basée depuis les années 1970 non loin, à Odeillo, où se trouve l’un des plus grands fours solaires du monde. Les chercheurs y travaillent également sur les études thermiques à haute température, les systèmes de transport de chaleur ou encore le comportement à haute température des matériaux.

Ce four est le grand frère de celui de Mont-Louis. Construit en 1949, c’est le premier four solaire au monde. Son immense miroir parabolique atteint en son foyer des températures allant de 2.000 à 3.500 °C. L’installation, munie d’un laboratoire de l’énergie solaire, a été autorisée par l’armée, très intéressée par les expériences liées à la résistance des matériaux. Un rayonnement qui pourrait bien traverser quelques âges encore en Cerdagne.