REPORTAGEC'est quoi, une maison bioclimatique ?

La maison bioclimatique est-elle le futur du logement écolo ?

REPORTAGENous nous sommes rendus sur les chantiers de deux maisons bioclimatiques, situés dans les Yvelines
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Mireille Fournaise

Mireille Fournaise

L'essentiel

  • Les constructions bioclimatiques sont conçues pour utiliser au maximum les caractéristiques de leur environnement et consommer le moins d’énergie possible.
  • « Afin de conserver au mieux ces températures, il faut à la fois une bonne isolation ainsi qu’une excellente étanchéité à l’air tout en gérant les ponts thermiques », explique Julien Chauzit, gérant Mio’Terr.

A quelques minutes de la gare RER de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, dans les Yvelines, des ouvriers s’affairent sur un chantier à première vue comme les autres… Seul un œil attentif y remarquerait les sacs de poudre d’argile, une matière rarement utilisée de nos jours en construction. « On l’intègre à un isolant et on en recouvre le sol en béton, ça participe à l’ inertie thermique de la maison », explique Julien Chauzit, gérant de Mio’Terr. Sa société est spécialisée dans la construction de maisons bioclimatiques, des habitations conçues pour utiliser au maximum les caractéristiques de leur environnement et consommer le moins d’énergie.


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En d’autres termes, l’orientation d’une maison bioclimatique, son implantation sur le terrain mais également les matériaux utilisés pour sa conception et ses installations vont lui permettre de conserver la fraîcheur en été et la chaleur en hiver. Cette inertie thermique permet de ne pas allumer le chauffage , ou très peu, et de survivre à l‘été sans climatiseur.



De grandes ouvertures au sud, enfouie sous terre au nord

Pour arriver à un tel résultat, les architectes doivent s’adapter au terrain. La bâtisse de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, divisée en deux logements, a été construite sur un sol en pente choisi pour son exposition plein sud. Sur la façade, de larges et hautes fenêtres ont été installées pour emmagasiner un maximum de chaleur en hiver. Des volets et persiennes y seront ajoutés pour faire entrer la lumière sans la chaleur en été. Côté nord, la partie basse de la maison est enfouie sous terre et la partie haute ne compte que de rares petites ouvertures.

Et cela ne s’arrête pas là, précise Julien Chauzit : « Afin de conserver au mieux ces températures, il faut à la fois une bonne isolation ainsi qu’une excellente étanchéité à l’air, tout en gérant les ponts thermiques. » Ce phénomène entraîne des pertes de chaleur ou de fraîcheur sur les zones de la maison où l’isolation est interrompue, comme à l’emplacement des fenêtres par exemple.

Un isolant en vêtements recyclés

Les ouvriers se sont d’abord attaqués à l’isolation du toit, du sol et des murs. Ici, Mio’Terr a choisi d’utiliser un isolant durable pour les murs et le toit. « Cela s’appelle du Métisse, il est fabriqué par les compagnons d’Emmaüs à partir des vêtements non recyclables déposés dans les bennes relais, indique le gérant de Mio’Terr, également président du syndicat français de la construction bois. Il a les mêmes propriétés que la laine de verre mais contrairement à elle, sa fabrication ne nécessite quasiment pas d’eau. »

Sur le toit, 30 cm d’isolant ont été posés, soit « trois fois plus que sur une maison classique. Deux tiers à l’extérieur et le reste à l’intérieur. Cela permet d’avoir une toiture chaude et d’éviter ainsi les ponts thermiques. » Les murs bénéficient quant à eux d’un isolant de 14 cm. Pour le sol, 10 cm d’isolant en polyuréthane ont été placés entre le béton et la chape.

Une fois l’isolation faite, un film pare-vapeur a été posé sur l’ensemble des murs pour rendre la construction étanche à l’air. « Ça permet de transformer la maison en une sorte de grand thermos, illustre Julien Chauzit. Plus la maison est étanche à l’air, plus elle va conserver la chaleur ou la fraîcheur, mais cela entraîne aussi un risque de condensation. » Un système de ventilation VMC va donc être installé. L’air usagé et chaud sera expulsé par le procédé, mais au lieu de sortir directement, il sera utilisé pour chauffer à 70 % le ballon d’eau chaude. « Tout est une question d’équilibre. »


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Retour aux techniques d’antan

Enfin, après avoir placé l’électricité et la plomberie, on recouvre le tout de plaques d’argile. « Dans des maisons classiques, ce sont des plaques de plâtre, mais elles sont très consommatrices d’eau. La réalisation de plaques d’argile a beaucoup moins d’impact sur l’environnement. Mais surtout en termes d’inertie, elles sont beaucoup plus performantes. » Les restes des plaques sont recyclés sur place pour réaliser de l’enduit qui recouvrira les murs. La maison sera alors habitable.


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Pas de technique révolutionnaire, souligne Julien Chauzit : « Ce qu’on fait, c’est basique. L’argile se travaillait beaucoup avant sur les maisons, mais ça a été oublié au profit du béton. » Cette raison explique en partie le prix plus élevé des habitations bioclimatiques. « Il y a entre 3 et 5 % de surcoût par rapport à une maison traditionnelle. C’est principalement dû au problème d’approvisionnement des produits. Le Métisse vient du Nord de la France, l’argile de Nantes… » Les bénéfices se verront à long terme sur les économies d’énergie. Pour cette maison, le gérant de Mio’Terr assure que la facture de chauffage et d’eau chaude s’élèvera à environ 200 € par an et qu’aucune clim n’aura besoin d’être installée.

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