SpoilerA quand une voiture zéro émission sur la première marche du podium au Mans?

A quand une voiture zéro émission sur la première marche du podium au Mans?

SpoilerCe n’est pas pour tout de suite…
Alexis Moreau

Alexis Moreau

Un jour, un véhicule totalement propre, n’émettant aucune trace de CO2, gagnera les 24 Heures du Mans. Une révolution que nous n’entendrons pas arriver, un futur lointain, complexe, mais pas inimaginable. Reste à savoir pourquoi.

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Le monde de l’automobile se tourne (enfin) vers les motorisations alternatives. Pour preuve, le succès croissant du championnat de Formule E de la FIA, dans lequel les monoplaces sont propulsées par un bloc électrique. Et les organisateurs de la célèbre course sarthoise ont toujours eu la volonté, et ce depuis le début de l’épreuve en 1923, de promouvoir les nouveautés.

« Un sujet important pour nous »

Certaines innovations, comme les freins à disque ou les feux antibrouillard, ont été approuvées sur l’asphalte du Mans avant d’êtres installées sur nos modèles de série. Mais si depuis 2014 l’épreuve s’est ouverte avec succès aux bolides hybrides, au niveau des voitures zéro émission, c’est plus compliqué.

François Granet travaille pour Green GT, une entreprise spécialisée dans les systèmes de propulsion électrique-hydrogène. Si nous vous parlons de lui, c’est qu’en 2013, leur GreenGt H2 avait reçu l'approbation pour rouler au Mans. «Malheureusement nous n’avions pas pu prendre le départ. Nous n’étions pas prêt pour un si grand défi technique.» Pourtant notre interlocuteur l’assure, leur technologie est «fiable, performante, sûre et parfaitement maîtrisée». Alors, où se situe le blocage? Peut-être dans l’absence de ce qui fait l’essence d’une course automobile: un règlement.

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«Une compétition n’existe que par son organisation et les règles qui la régissent. Sauf qu’aujourd’hui il n’y a pas de catégorie propre aux énergies alternatives.» Pour François Granet le calcul est simple: pas de catégorie dédiée, pas de participants. Interrogé sur le sujet, Vincent Beaumesnil, le directeur sport de l’Automobile club de l’ouest, hésite: «Vous dire qu’il y aura une nouvelle catégorie… Je ne peux pas me prononcer là-dessus, mais c’est un sujet important pour nous. Il est encore trop tôt pour vous dire quand, mais il est certain qu’une voiture zéro émission gagnera les 24 Heures.» La raison de cette prudence? Les propulsions alternatives ne seraient pas assez matures pour résister au défi proposé. «Nous parlons de la course la plus difficile au monde. La vitesse y est plus élevée qu’en Formule 1 et ce, pendant une durée bien plus longue. Pour parvenir à remporter cette épreuve, la technologie utilisée doit être fiable. Cela coûte de l’argent mais aussi beaucoup de temps.»

Un Everest technologique

Notre interlocuteur préfère mettre en avant les progrès réalisés par les voitures hybrides. «Aujourd’hui, une Toyota Hybride consomme 42 litres en onze tours, contre 75 litres sur dix tours pour des voitures équipées d’une motorisation conventionnelle, et ce pour le même niveau de performance». Malgré son enthousiasme, François Granet ne peut qu’approuver Vincent Beaumesnil. «Les 24 Heures sont un Everest technologique. Le temps où les pilotes économisaient leur voiture et géraient une vitesse dégradée est révolue. Pour gagner, il faut être rapide pendant toute la compétition». Malgré dix ans de recherches, il manque «encore des kilomètres dans les roues. Regardez Toyota, ils ont mis beaucoup de temps pour arriver là où ils sont. Surtout que de notre côté nous sommes un laboratoire. Nous n’avons pas forcément vocation à concourir avec notre propre véhicule.» BMW en piste? Alors qui se chargera de soulever le trophée? Sûrement pas Toyota. Le constructeur préfère garder le cap et continuer d’améliorer ses motorisations actuelles. C’est alors d’Allemagne (comme souvent dans le monde de l’automobile) que pourrait venir la lumière.

Interrogé à ce sujet en avril dernier, Jens Marquardt, patron de BMW Motorsport, expliquait qu’une participation avec une motorisation à hydrogène était «faisable selon une étude», avant de développer. «Nous sommes arrivés à la conclusion que c'était faisable, avec quelques contraintes. Mais participer n'a de sens que lorsque nous verrons la technologie arriver également sur la route, dans deux, trois ou cinq ans.» Une participation dans cinq ans, un podium dans quinze, une victoire dans vingt ans? «Un jour, si le règlement le permet, une voiture électrique-hydrogène remportera cette course», prophétise François Granet. A vérifier, mais pas tout de suite.