Fernando Alonso, marathonien de la course automobile
DOUBLE-DOSE•Le pilote espagnol est derrière le volant aussi bien en F1 qu'en endurance, et on se demande comment il y parvient...Thierry Weber
Il y a ceux qui courent pendant 42,195 kilomètres. Il y a ceux qui conduisent à tour de rôle pendant 24 heures. Et puis il y a Fernando Alonso. A 36 ans, le pilote automobile espagnol va non seulement concourir aux 24 Heures du Mans et au championnat du monde d’endurance (World endurance championship, ou WEC) chez Toyota, mais il mène aussi en parallèle une saison en Formule 1 avec McLaren Formula 1 Team. Une prouesse qui n’est pas à la portée du premier pilote venu.
« Il est là !!! @alo_oficial @Toyota_Hybrid pic.twitter.com/MO16gsR3EP — 24 Heures du Mans (@24heuresdumans) 11 juin 2018 »
Pour le consultant en sport automobile Franck Lagorce, cela ne fait aucun doute. «Fernando Alonso est un grand champion. Mentalement, il n’a pas de question à se poser, il sait où il en est.» C’est plutôt physiquement qu’il pourrait y avoir un problème. Rien qu’à regarder le calendrier des courses, on se doute que le planning de l’Espagnol doit être éprouvant.
Repos et style de conduite
Le grand prix de Monaco le 27 mai, la journée test au Mans le 3 juin (qu’il remporte), le Grand Prix de Montréal le 10 juin (qu'il a dû abandonner), les 24 Heures du Mans les 16 et 17, puis le Grand Prix de France au Castellet le 24 juin… Fernando Alonso n’a pas fini d’avaler des kilomètres au volant de bolides de course, avec tout ce que cela implique de déplacements, de tests, d’entraînement, de points média, etc.
«Le problème vient aussi du décalage horaire, souligne Franck Lagorce. Mais il est bien entouré. En F1 comme au Mans, des physios sont là pour le prendre en charge et assurer son travail de récupération physique et de préparation.» D’une discipline à l’autre, l’entraînement n’est d’ailleurs pas si différent, des mots du champion lui-même. «La préparation physique est la même. J’essaie de tout optimiser, de me préparer plus que jamais pendant l’hiver pour être en forme», a-t-il confié lors d’un point presse. «Je connais mon corps, je me connais. Je reste calme. Et je sais que j’ai besoin de me reposer si je veux être prêt», avant la prochaine course.
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Great lap by #Kazuki to put the car on the pole position. Great job by everyone in @toyotamotorsportgmbh . Long race ahead and I’m looking so much forward to experience it. #toyota #lemans24 #wec
Fernando Alonso
Un autre écueil, outre la gestion du trafic qui n’existe pas en Formule 1, pourrait être les disparités entre les voitures et les styles de conduite. «La différence principale est la manière dont vous approchez un virage. En F1, vous l’abordez à vitesse maximum et vous freinez aussi tard que vous le pouvez avant d’accélérer dès que possible pour gagner du temps. [En endurance], la manière de gagner du temps est différente. Vous devez freiner plus longtemps pour recharger le système hybride», détaille le pilote avec confiance.
«Le bon moment pour le faire»
Il a beau partager le baquet avec d’autres pilotes en endurance, le champion du monde de F1 (2005 et 2006) «aborde chaque course avec un objectif compétitif. En F1, vous essayez de battre tout le monde, en particulier vos coéquipiers, ils sont votre seule référence. [En endurance], ce n’est pas qu’une question de performance, mais plutôt de finir la course sans risque, sans erreur, tout en la partageant avec vos coéquipiers.»
« Fernando Alonso @alo_oficial et ses coéquipiers @Sebastien_buemi et @kazuki_info face à la foule de journalistes@Toyota_Hybrid #8 #LEMANS24 pic.twitter.com/5l6Th73XUU — 24 Heures du Mans (@24heuresdumans) 11 juin 2018 »
Un bon moyen d’aborder le défi qu’il s’est posé. D’autant plus que, de l’avis de Franck Lagorce, «c’est le bon moment pour le faire. Il fait partie d’une génération de pilotes qui a évolué avec des réglementations, des nouvelles technologies. S’il ne le fait pas maintenant, il ne pourra plus le faire dans trois ans», quand les nouvelles générations biberonnées aux simulateurs débouleront sur les circuits.
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«Je l’avais rencontré au Mans il y a quelques années quand il avait donné le départ. Je lui avais dit “alors quand est-ce que tu viens courir ici?” Il m’avait simplement regardé avec le sourire, il le savait très bien», se souvient Franck Lagorce. Aujourd’hui, l’Espagnol s’apprête à tenir la promesse de ce sourire.