Le «parkour» du combattant

Le «parkour» du combattant

Un dimanche de janvier, dans le quartier du Tonkin, à Villeurbanne. Un jeune homme grimpe à mains nues une dizaine d’étages en s’aidant d’une cage d’escalier extérieure. Pour Salam, Ludovic, Yacine et Nabil, c’est un après-midi comme beaucoup d’autres. De
© 20 minutes

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Un dimanche de janvier, dans le quartier du Tonkin, à Villeurbanne. Un jeune homme grimpe à mains nues une dizaine d’étages en s’aidant d’une cage d’escalier extérieure. Pour Salam, Ludovic, Yacine et Nabil, c’est un après-midi comme beaucoup d’autres. Depuis quatre ans, ces jeunes de 17 à 21 ans arpentent les ruelles de ce labyrinthe de béton, en quête de sensations fortes. « Les Tackiner$ », comme ils se sont baptisés, pratiquent une discipline encore méconnue, appelée « art du déplacement » ou « parkour ». Leurs armes : le « passe-muraille », le « saut de bras » ou le « salto ». Leur moteur : l’adrénaline. En ville, escaliers, rampes ou toits deviennent autant d’obstacles à franchir. « Pour nous, c’est un défi, explique Salam. Personne ne passe là où nous allons. » Révélée par le film Yamakasi (2001), produit par Luc Besson, la discipline compte désormais une trentaine d’adeptes dans l’agglomération. Mais peu s’entraînent en hiver. Alors pour avoir accès à un gymnase, les Tackiner$ doivent se structurer en association. Une façon de faire reconnaître « l’art du déplacement » comme un sport à part entière, et de le faire accepter. « Certains passants nous complimentent. D’autres nous envoient la police », raconte Nabil. Leur pratique a déjà suscité des vocations, mais ils mettent en garde les plus jeunes qui tentent de les imiter contre les dangers de ce nouveau sport de rue. « Ils sont parfois un peu inconscients, explique Yacine. Il faut commencer petit à petit. Atteindre un niveau comme le nôtre demande beaucoup d’entraînement. » « C’est la prise de risques qui nous fait avancer, renchérit Ludovic. Mais elle est toujours calculée. » A présent, un autre défi attend les Tackiner$ : un projet de téléfilm, qui serait réalisé à Villeurbanne cet été. « Le film reflétera l’ambiance du quartier Olivier-de-Serres dans les années 1960, confient-ils. Nous serons chargés des cascades. » Cloé Makrides