Journées du patrimoine 2022 : Qui est Charles Dairay, le carillonneur de l’Hôtel de Ville de Lyon ?
MUSIQUE•Lors des journées européennes du patrimoine, qui se déroulent ce week-end, les Lyonnais pourront rencontrer Charles Dairay, grand maître carillonneurCaroline Girardon
L'essentiel
- Lors des journées européennes du patrimoine, qui se déroulent ce week-end, les Lyonnais pourront rencontrer Charles Dairay.
- Agé de 47 ans, il est le carillonneur de l’Hôtel de Ville.
- A la veille du rendez-vous, « 20 Minutes » s’est entretenu avec lui pour parler de sa passion.
Ne soyez pas surpris d’entendre les cloches du beffroi de l’Hôtel de Ville de Lyon carillonner au rythme de Poker Face. Charles Dairay « adore surprendre les Lyonnais ». « Ma chanteuse préférée est Lady Gaga », glisse-t-il d’un éclat de rire. Samedi et dimanche, lors des journées européennes du patrimoine, les visiteurs auront l’occasion d’écouter toute l’étendue de son talent… Mais pas Lady Gaga, pour cette fois.
Charles Dairay, 47 ans, est maître carillonneur. Depuis vingt ans, c’est lui qui fait résonner les 65 cloches de la majestueuse mairie centrale de Lyon. Le tout, assis derrière son clavier sur lequel il pianote avec la plus grande tendresse, non sans une certaine dextérité. Car l’instrument est difficile à dompter. Le bébé « pèse 20 tonnes, indique le musicien. C’est l’un des plus beaux de France ». L’un des plus imposants, également. Seul le carillon du château des Ducs en Savoie à Chambéry le dépasse avec ses 70 cloches.
Carillonneur et psychomotricien
« Les cloches sont très lourdes. Il faut de l’énergie mais si l’on joue trop fort sur les touches, ça sera inaudible. Mon rôle est de trouver la bonne nuance pour que l’on entende le son de façon optimale », explique-t-il. Un jeu d’enfant ? Pas vraiment. « Le secret réside en trois mots : travail, travail et travail », répond Charles Dairay. Lui, joue quotidiennement. Il n’y a pas de mystère. Encore faut-il trouver le temps de caser les séquences. Car Charles Dairay a, en réalité, embrassé une tout autre carrière.
« Je suis psychomotricien dans un hôpital du nord de la France. Je travaille dans un service de cure en alcoologie, révèle-t-il. À côté, j’ai un statut d’intermittent. » L’homme donne une dizaine de concerts par an à Lyon, pour la Fête des lumières, les journées ou du patrimoine et les dimanches soir d’été. Sinon, il sillonne la Belgique, patrie du carillon, et les Hauts de France, où est née sa passion pour le noble instrument.
Une révélation à 8 ans
« Je baigne dedans depuis que je suis tout petit ». A Saint-Amand-les-Eaux, sa ville natale, le carillon joue tous les jours de 12 heures à 12h30. Dans la cour de l’école ou du fond de la salle de classe, le gamin aime tendre l’oreille et tourner le regard vers la magnifique tour abbatiale, d’où s’échappe le son. Un jour, son destin a basculé. « J’avais 8 ans. J’ai reconnu un air de pizzicato, sur lequel j’apprenais la danse classique. Cela m’a intrigué », se souvient-il. Il franchit le pas et décide d’approcher le mystérieux carillonneur de Saint-Amand, Jo Haazen. « Il était habillé tout de blanc, j’ai cru voir un mage, rigole Charles. Il avait beaucoup de prestance, j’étais très impressionné. »
Cette rencontre changera sa vie : « Par la suite, j’ai pris des cours avec lui. C’est comme ça que j’ai commencé à jouer. ». Sa formation se poursuivra en Belgique, au sein de l’École royale de Malines, où il décrochera le diplôme d’excellence avec la plus haute distinction.