Les experts d'Écully empruntent les pas d'Edmond Locard
FESTIVAL QUAIS DU POLAR•Reportage au labo de police scientifique de Lyon...Elisa Frisullo
Dans les bâtiments de la police scientifique de Lyon, situés à Ecully, Edmond Locard a laissé ses empreintes partout. Sur les murs, où est affiché le portrait de ce médecin légiste, créateur en 1910 à Lyon du premier labo de police scientifique d'Europe. Mais également dans les salles réservées aux analyses, où les techniques qu'il a mises au point sont encore utilisées.
«La poudre qui sert à relever une empreinte digitale, c'est lui. Tout comme la règle des douze points de concordance qui, sur les traces papillaires, permet de conclure à une identification», précise Jean-Luc Georges, expert en recherche d'empreintes digitales à Ecully.
L'expert n'est pas un enquêteur
Chaque jour, 150 personnes travaillent dans ce labo «héritier» de Locard, rattaché à l'Institut national de police scientifique (INPS). «Mais contrairement à ce que nous voyons dans les séries TV, l'expert n'est pas un enquêteur. C'est un scientifique qui réalise des expertises , explique le directeur de l'INPS, Frédéric Dupuch.
Ces quinze dernières années, les techniques employées par ces spécialistes se sont sérieusement développées avec l'apport de l'informatique et l'explosion de la génétique. «Aujourd'hui, 90% de notre activité concerne les recherches génétiques», précise Laurent Pene, responsable de la section biologie à l'INPS.
192.000 profils ADN déterminés chaque année
Ici, les experts analysent les prélèvements provenant des suspects et les traces riches (salive, sperme, sang…) ou pauvres (frottements de la peau) retrouvées sur les scènes de crimes et délits.
Dans cette unité, 192.000 profils ADN sont déterminés chaque année et plus de 8.000 dossiers traités. Les ingénieurs réalisent aussi des recherches toxicologiques, sur des conducteurs impliqués dans des infractions routières dans la moitié des cas. Ils effectuent des analyses balistiques, recherchant des empreintes sur l'arme d'un crime ou reconstituant la trajectoire d'un tir. «Et nous travaillons de plus en plus sur les nouvelles technologies (ordinateurs, portables…) à la recherche de ce que les gens pensent avoir effacé», ajoute Frédéric Dupuch.
Du cambriolage à l'homicide
En dix ans, le nombre de leurs missions a explosé. Les analyses, autrefois réservées aux affaires criminelles, sont réclamées par la police, la gendarmerie et les magistrats pour de simples délits. «Dans 70% des cas, nous travaillons sur des vols de voitures, des cambriolages, des incendies. Pour le reste, il s'agit de viols, d'homicides ou de violences», ajoute Laurent Pene.
Leur métier, fort du succès de la série «Les Experts», ne devrait pas avoir de difficultés à recruter dans les prochaines années. «Nous avons beaucoup de succès auprès des jeunes. Nous recevons des piles de CV», s'amuse Frédéric Dupuch.