Les pigeons de ville n'ont pas fini de voler
Environnement Le premier bilan du pigeonnier urbain de Villeurbanne n'est pas très concluantsandrine boucher
Les pigeons ont encore de beaux jours devant eux. A tel point, d'ailleurs, qu'aucune méthode de gestion de leur (sur) population ne donne satisfaction. Dans le Grand Lyon, Villeurbanne s'est lancée dans l'expérience du pigeonnier, installé square Felix-Lebossé, à l'automne 2008. « Nous avions essayé les graines contraceptives, la stérilisation, les prédateurs », explique Antoine Lumetta, technicien coordinateur à la direction de l'hygiène et à la santé publique. « Mais, soit c'est inefficace, soit on ne fait que déplacer le problème. »
Des résultats encore peu probants
à Villeurbanne
Sur le papier, le principe du pigeonnier urbain est simple : les oiseaux sont attirés par cette « pension complète », ils nichent, font des œufs, qu'on stérilise en les secouant. Donc les effectifs baissent. Théoriquement. Philippe Clergeau, écologue à l'INRA, estime au contraire qu'en fournissant plus de nourriture et de possibilité de couver, on aboutit à « une augmentation faible, mais régulière, de la population du secteur ». Fiente alors !
A Villeurbanne, un an et demi après le début de l'expérimentation, la municipalité est toujours dans l'expectative. La stérilisation des œufs a commencé. Mais l'évolution des indicateurs (nombre de pigeons, plaintes d'habitants) ne révèle rien de significatif. « L'impact est difficile à mesurer. Nous sommes dans un domaine très empirique », reconnaît Vincent Morland, délégué villeurbannais à la nature et à l'animal en ville.
Curieusement, si le pigeon suscite des débats enragés, la littérature et les références scientifiques manquent. Un constat, cependant : le pigeonnier, qui rappelle des souvenirs champêtres, donne une autre image du « rat volant ». « Les enfants des écoles découvrent qu'il est intelligent. Le regard sur l'animal change, il n'est plus considéré seulement comme un nuisible », remarque Vincent Morland. « Le pigeon fait partie de notre paysage urbain. S'il n'y en avait plus, ce serait étrange, non ? »