Slow Joe, l'improbable crooner des Transmusicales de Rennes

Slow Joe, l'improbable crooner des Transmusicales de Rennes

C'est un joli conte musical né d'une étonnante rencontre, qui prendra corps aux Transmusicales. Un « accident », dit plutôt Cédric de la Chapelle. En juillet 2007, ce musicien lyonnais de 29 ans se promène avec sa copine sur une plage de Goa, dans l'...
Frédéric Crouzet

Frédéric Crouzet

C'est un joli conte musical né d'une étonnante rencontre, qui prendra corps aux Transmusicales. Un « accident », dit plutôt Cédric de la Chapelle. En juillet 2007, ce musicien lyonnais de 29 ans se promène avec sa copine sur une plage de Goa, dans l'ouest de l'Inde. Ils sont abordés par un pétillant bonhomme qui joue de sa voix de crooner pour proposer un hébergement aux touristes. Lui, c'est « Slow Joe » Rocha, 66 ans, un chanteur de rue qui, depuis l'âge de 13 ans, noircit des cahiers de poèmes et de chansons d'amour. « J'ai flashé sur sa voix, très grave. Dès le lendemain, j'ai eu envie de faire de la musique pour l'accompagner », raconte Cédric. Deux ans et demi plus tard, c'est cette formation atypique qui ouvrira la 31e édition du festival rennais. Le 2 décembre, Slow Joe and the Ginger Accident, groupe formé avec trois autres musiciens issus de la scène pop-rock lyonnaise (S., Deborah Kant, Mazalda...), va donner son tout premier concert devant cinq cents personnes à l'Ubu. Ce sera aussi la première scène de Slow Joe, même si quelques cabarets indiens l'ont accueilli dans sa jeunesse pour reprendre des standards américains.

Le chanteur, qui n'a encore jamais quitté l'Inde, doit arriver début novembre à Lyon pour participer aux premières répétitions... et faire la connaissance des musiciens. Car tous les morceaux ont été composés à distance, entre Goa, Delhi, la Croix-Rousse et Vaise, grâce aux technologies numériques. « Quand je l'ai rencontré, il ne savait pas ce qu'était un MP3 », se souvient Cédric. De retour en France avec la voix de Slow Joe sur son MiniDisc, il compose quelques morceaux dans son home studio du bas des Pentes. « Je suis retourné en Inde en 2008 pour lui faire écouter les maquettes. Puis on a passé un mois et demi dans un studio à Delhi », explique Cédric. Début 2009, il enregistre avec les musiciens dans les studios de Back to Mono (Lyon 9e), spécialiste du son « vintage ». En ressort un étonnant assemblage franco-indien, où la voix de Slow Joe flirte avec celles de Franck Sinatra, Elvis Presley ou Jim Morrison, sur fond de groove blues-rock. Le label lyonnais Caravelle est séduit et propose le projet aux Transmusicales. « J'ai dit banco tout de suite. Composer une musique à partir du chant, c'est une démarche plutôt originale, raconte Jean-Louis Brossard, directeur de la programmation du festival. Et j'ai été sensible à cette belle aventure humaine. » W