CIRCULATIONLyon est plus embouteillée qu’avant le Covid-19 à « des niveaux extrêmes »

Lyon est plus embouteillée qu’avant l’épidémie de Covid-19 à « des niveaux extrêmes »

CIRCULATIONAu mois de juin, la ville a enregistré des niveaux d’embouteillages supérieurs à 2019. La situation a même empiré depuis la rentrée
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Le trafic automobile lyonnais aurait-il empiré depuis 2019 ? Les chiffres, enregistrés par TomTom, révèlent que la situation s’est particulièrement dégradée dans la métropole, en particulier depuis la rentrée.
  • Les travaux, engagés ces derniers mois, ne peuvent à eux seuls expliquer le phénomène.
  • Si d’autres grandes villes de France observent également une hausse des embouteillages, elles ne sont pas dans les « mêmes extrêmes » que Lyon.

Chaque jour, la même galère : de longues minutes coincées dans les bouchons, des temps de trajet qui ne cessent de se rallonger, l’exaspération… Cela n’aura échappé à personne, en tout cas pas aux automobilistes : la ville de Lyon n’a jamais semblé autant embouteillée. Est-ce une simple impression ? Les différentes périodes de confinement, vécues depuis 18 mois, auraient-elles fini par brouiller la mémoire de chacun ? Les statistiques, que 20 Minutes s’est procuré auprès de l’organisme TomTom, ne laissent planer aucun doute : le taux de congestion est bel et bien en très nette hausse par rapport à l’année 2019.

« Nous avions déjà constaté une reprise du trafic après le troisième déconfinement. Au mois de juin, le taux de congestion était déjà supérieur aux moyennes enregistrées deux ans plus tôt, à la même période mais depuis la rentrée (la semaine du 30 août), on observe une forte accentuation des embouteillages », relève Vincent Martinier, directeur marketing de TomTom.

97% de taux de congestion le matin du 6 septembre

Un exemple : Le 6 septembre, le taux de congestion était de 52 % sur l’ensemble de la journée contre 37 % en 2019. Le lendemain, les statistiques indiquaient une moyenne de 47 % contre 38 %, deux ans plus tôt. Mais, ce sont dans les détails que les chiffres sont les plus révélateurs.

Le 30 août, le taux d’embouteillage était de 80 % à 17 heures au lieu de 54 % « habituellement ». Le lendemain, à la même heure, il s’élevait à 90 %, contre 63 %, deux ans plus tôt. Et ce début de semaine, les chiffres sont même devenus vertigineux : 95 % enregistrés le 6 septembre à 8 heures puis 97 % à 9 heures, au lieu de 71 %. Le lendemain, on relevait sur le même créneau horaire, 92 % de bouchons. Soit 27 % de plus qu’en 2019…

« Les temps de parcours peuvent être multipliés par deux », analyse Vincent Martinier. Une exception lyonnaise ? « La tendance est la même dans les autres grandes villes de France, notamment à Paris et Marseille, où l’on enregistre des niveaux d’embouteillages supérieurs à 2019. Mais, nous ne sommes pas sur les mêmes extrêmes qu’à Lyon », répond-il. Les données, recueillies entre Rhône et Saône, intriguent les observateurs. « A Lyon, la différence entre 2019 et 2021 est bien plus importante qu’ailleurs, poursuit Vincent Martinier. De plus, le trafic reste dense et soutenu tout au long de la journée, une fois passé les pics du matin et du soir. »

Les chantiers peuvent-ils tout expliquer?

Reste à savoir s’il s’agit d’un épiphénomène ou une tendance de fond. Et quelles en sont les causes ? « Les mois de septembre et octobre sont traditionnellement très chargés », indique Pierre Soulard, responsable du service mobilité urbaine au sein de la direction de la voirie de la métropole de Lyon, conscient que le problème n’est pas seulement une histoire de calendrier.

Les divers chantiers et travaux, engagés ces dernières semaines pour créer des couloirs de bus ou des pistes cyclables, sont souvent pointés du doigt sur les réseaux sociaux comme étant en partie responsables de la situation. Le rétrécissement de certaines voies de circulation, montée de Choulans ou le long des quais Gailleton par exemple, aussi.

Une reprise des modes de déplacements individuels

« Ces aménagements peuvent contribuer temporairement à créer des embouteillages mais sur l’ensemble de la Métropole de Lyon, seule une trentaine de kilomètres de voiries sur 3.600 a été supprimée. Est-ce que cela peut peser autant sur les indicateurs ? Sûrement, un peu. Toutefois, ce n’est pas la seule explication. On voit bien qu’il n’y a pas de travaux sur les autoroutes autour de Lyon et elles sont tout autant saturées », répond Pierre Soulard. Et d’ajouter : « Il y a d’autres facteurs, à commencer par une reprise de déplacements individuels au détriment des modes partagés comme les transports en commun, qui ont souffert de la crise. L’utilisation de la voiture est en nette progression. Celle du vélo aussi [+56 % par rapport à 2019]. Est-ce que les gens veulent ainsi se protéger de possibles contaminations ? On peut le supposer. »

Les nouvelles habitudes de travail ont, elles aussi, visiblement engendré une modification du trafic. « On constate que les pics d’embouteillages ont une amplitude beaucoup plus large. A 16 heures, on est déjà dans les bouchons. A 10 heures, la circulation est encore dense. On se déplace à toute heure de la journée », souligne Vincent Martinier.« Enfin, nous avons observé une hausse du nombre d’accidents et d’incidents depuis le déconfinement : des comportements plus agressifs au volant qui génèrent des accidents et par ricochet, des embouteillages. Et cela nous inquiète », conclut Pierre Soulard.