Lyon : La résiliation du contrat Rhônexpress a été votée, que va-t-il se passer maintenant ?
TRANSPORTS•Les changements annoncés ne devraient pas intervenir avant 2021Caroline Girardon
L'essentiel
- Les élus du Sytral, syndicat mixte des transports en commun, ont voté vendredi la résiliation du contrat Rhônexpress, assurant la desserte de l’aéroport de Lyon.
- Si cette décision devrait permettre de baisser les tarifs en vigueur, certains élus émettent des réserves.
- Ils s’inquiètent des conséquences financières pour le Sytral, qui aura désormais la charge d’assurer la liaison.
Ambiance électrique vendredi après-midi au Sytral, syndicat mixte des transports en commun lyonnais. Après des échanges très disputés, les élus ont voté la résiliation du contrat passé avec Rhônexpress, assurant la desserte de l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry. Et David Kimelfeld, le président de la métropole qui a porté le projet, marque ainsi des points dans le bras de fer engagé avec Gérard Collomb en vue des prochaines élections.
La résiliation du contrat Rhônexpress est désormais actée mais cette décision, qui devrait satisfaire les utilisateurs, inquiète toutefois une partie des élus. Pour plusieurs raisons.
Le changement ne sera pas maintenant
Avant de mettre fin aux négociations, le Sytral et la métropole étaient parvenus à se mettre d’accord avec Rhônexpress sur une baisse des tarifs. Le ticket à l’unité, qui coûte aujourd’hui 16,30 euros, serait ramené à 13,90 euros pour les usagers uniques et 12,20 euros pour les voyageurs bénéficiant déjà d’un abonnement TCL. On resterait donc sur ces prix-là. Mais il faudra attendre 2021. « Pour l’instant, cela ne va rien changer car il y a un préavis de huit mois, rappelle Fouziya Bouzerda. Pendant un an, il ne se passera donc rien d’autre que les négociations de résiliation ».
Une décision de bon sens ou un acte politique ?
Pour François-Noël Buffet, ancien maire LR d’Oullins et candidat à la métropole favorable à la résiliation, il n’y avait pas d’urgence à prendre ce type de décision. « Je m’étonne que cette délibération arrive seulement trois semaines avant le premier tour des élections. Personne n’est dupe. Tout le monde comprend qu’il s’agit d’une opération politique », soulève-t-il.
Visé par les critiques, David Kimelfeld assure que cette décision aurait déjà dû être actée il y a quatre ans lorsque son prédécesseur Gérard Collomb était aux manettes de la métropole. « C’était le seul choix possible pour défendre l’intérêt du Sytral et ceux des habitants de l’agglomération », répond-il, rejoint ainsi par Jean-Paul Bret, le maire PS de Villeurbanne. « Le contrat, qui nous liait à Rhônexpress est léonin, disproportionné et très largement en faveur de l’opérateur. Nous étions arrivés à la fin d’un processus de négociations engagé, qui a duré longtemps. Il était important de ne pas reporter cette décision et de donner un signe aux utilisateurs, victimes d’injustice », ajoute l’élu.
Quels risques pour le Sytral ?
Une fois que le contrat, qui courait jusqu’en 2038, sera résilié, le Sytral aura la charge de la desserte de l’aéroport. Il devra payer les 32 millions d’euros d’indemnités de résiliation de ce contrat. Mais s’inquiète déjà d’autres conséquences financières : rembourser éventuellement les mensualités d’emprunt estimées à 120 millions d’euros pour les 19 années à venir. « Il n’était pas prévu que ces annuités soient assumées par le Sytral puisque de fait, c’était à la charge de la métropole dans le cadre de la convention qui nous liait. Mais cette convention tombe du fait de la résiliation, explique Fouziya Bouzerda. Seul le nouveau conseil métropolitain, constitué après les élections, pourra voter ou non cette convention ».
L’inquiétude est partagée par Gérard Collomb, qui ne mâche pas ses mots à l’égard de son successeur. « Le Président de la Métropole fait peser un risque grave sur le Sytral, un risque financier important dont personne ne connaît aujourd’hui le volume. Pour leur part les usagers n’y gagneront rien puisqu’ils continueront de payer leur ticket au tarif actuel alors qu’ils auraient pu bénéficier d’une réduction de 25 %. Cette précipitation à trois semaines d’une élection a évidemment peu à voir avec les intérêts des usagers de la Métropole et particulièrement de l’Est Lyonnais », estime-t-il.
Ce que réfute énergiquement David Kimelfeld. « Ce qu’on oublie de dire, est que cette décision va faire gagner de l’argent au Sytral, répond-il. Selon le scénario le plus pessimiste, à savoir que l’activité de l’aéroport s’effondre littéralement, on gagnerait toutefois 4 millions d’euros à l’horizon 2038, déduction faite des 32 millions d’indemnités de résiliation. Dans le meilleur des cas, on économiserait 50 millions d’euros. Ce ne sont pas des chiffres sortis de ma manche mais ceux présentés par les experts », conclut-il.