La métropole de Lyon veut résilier le contrat de la navette qui dessert l’aéroport, quels changements pour les usagers ?
TRANSPORTS•Le président de la métropole David Kimelfeld veut résilier le contrat avec Vinci, délégataire de la navette Rhônexpress qui dessert l'aéroport, en raison notamment de prix jugés trop élevésElisa Frisullo
L'essentiel
- David Kimelfeld veut résilier le contrat avec Vinci, délégataire de la navette Rhônexpress qui dessert l’aéroport.
- L’objectif affiché est de faire baisser les prix de cette liaison, l’une des plus chères d’Europe, et d’améliorer la desserte de l’Est lyonnais.
- Ce sera aux élus du Sytral d’arbitrer en janvier, lors d’un conseil syndical extraordinaire.
Pour garder le contrat, Vinci était prêt à baisser les tarifs pour les usagers. Mais pas suffisamment, semble-t-il, pour convaincre la métropole de Lyon. Son président David Kimelfeld a annoncé jeudi qu’il demandait la résiliation du contrat de concession de Rhônexpress, la navette reliant la Part-Dieu à l’aéroport Saint-Exupéry. Qu’est-ce que cela implique-t-il, dans quels délais et quels pourraient être les changements pour les usagers ? 20 Minutes fait le point.
L’échec des négociations
Depuis six mois, les services de la métropole et le Sytral renégocient le contrat qui les lie à Vinci, concessionnaire du Rhônexpress, la navette menant jusqu’à l’aéroport exploitée par la société Transdev. Dans le cadre de ces discussions, Vinci a accepté de revoir ses prix à la baisse, selon Acteurs de l’Economie-La Tribune. Le délégataire proposait de faire passer l’aller jusqu’à Saint-Ex de 16,30 euros aujourd’hui à 13,90 euros (avec un tarif spécial de 12,90 euros pour les abonnés TCL). L’aller-retour était proposé à 24 euros contre 28,30 euros actuellement. Des tarifs qui font de Rhônexpress l’une des navettes les plus chères d’Europe.
Toujours est-il que la proposition de Vinci n’a pas suffi à convaincre la métropole. « Le président David Kimelfeld et son vice-président Gérard Claisse en charge des marchés publics considèrent que la meilleure solution pour préserver les intérêts des Grands Lyonnais est celle de la résiliation du contrat. Cela permettra d’offrir une tarification véritablement attractive et de redonner à la collectivité tous les leviers pour améliorer la mobilité du quotidien et la desserte de l’est lyonnais », soulignent les services de la métropole.
David Kimelfeld demande la résiliation du contrat mais n’est pas décisionnaire. Ce sera en effet aux élus du Sytral de se prononcer sur ce sujet en janvier, lors d’un conseil syndical extraordinaire dont la date n’est pas encore fixée. Jeudi soir, la présidente du Sytral (autorité organisatrice des transports en commun) a indiqué dans un communiqué avoir « pris acte » de la demande de David Kimelfeld de « résilier unilatéralement » ce contrat de concession. « Le Sytral fera examiner les conséquences exhaustives qui en découlent sur les plans juridique, financier et d’exploitation », a ajouté Fouzyia Bouzerda.
Une demande politique ?
Il n’a pas échappé aux rivaux de David Kimelfeld, candidat à sa propre succession pour les métropolitaines 2020, que sa requête intervient à quelques mois des échéances électorales. Le candidat LR, François Noël Buffet, n’a pas manqué de le railler ce vendredi. « Le candidat David Kimelfeld démontre que sa manière de faire de la politique est brutale. Depuis maintenant deux ans qu’il préside la métropole, il aurait pu travailler ce dossier sur le fond. Je constate qu’il préfère les effets d’annonce en période électorale », a-t-il souligné, partageant toutefois la volonté de faire baisser le prix de la desserte jusqu’à l’aéroport.
« Le vrai sujet du Rhônexpress, c’est le prix du trajet pour nos concitoyens. Je propose d’ouvrir des discussions et m’engage à trouver des solutions concrètes pour rendre le prix du trajet plus accessible », ajoute François-Noël Buffet, promettant à son tour « la mise en place d’une billettique unique pour l’ensemble des transports de la métropole. Rhônexpress compris. »
Et les usagers dans tout ça ?
Au final, toute la question est de savoir si les voyageurs sortiront gagnants. « Il s’agit de faire baisser les prix et de répondre aux besoins des usagers en offrant un cadencement de la ligne de tram T3 qui emprunte le même tracé que Rhônexpress de qualité » souligne-t-on dans l’entourage de David Kimelfeld. Si la résiliation du contrat avec Vinci est validée par le conseil du Sytral, Vinci restera aux commandes pendant huit mois, durée légale du préavis. Ensuite, selon le souhait de la métropole, Transdev, actuel exploitant, assurera la continuité de Vinci et continuera d’exploiter le service Rhônexpress.
La métropole aurait ainsi le temps de réfléchir à l’avenir de cette desserte premium jusqu’à l’aéroport de Lyon. « Quoi qu’il en soit le service sera maintenu. Cela n’aura pas d’impact sur les usagers », insiste la métropole qui souhaite proposer courant 2020 une baisse des prix sensiblement supérieure à celle proposée par Vinci lors des récentes discussions.