VIDEO.Lyon : Ils collectent des matériaux du BTP jetés à la benne et les revendent à petits prix
ECOLOGIE•Deux architectes ont fondé Minéka en 2016 pour lutter contre le gaspillage dans le BTP, qui produit les trois quarts des déchets émis chaque année en FranceCaroline Girardon
L'essentiel
- L’association lyonnaise Minéka vient de décrocher le prix de la finance solidaire pour son action.
- Depuis 2016, elle collecte les matériaux qui sont jetés sur les chantiers et qui peuvent être réutilisés afin de les revendre à petits prix.
- Le BTP produit 227 millions de tonnes de déchets par an en France.
Le concept : sauver des matériaux de la benne à ordure pour ensuite les réutiliser. La société Minéka, basée dans le quartier de la Soie dans l’Est Lyonnais, vient tout juste d’être récompensée pour son idée novatrice. Au mois de novembre, cette jeune association « à la démarche entrepreneuriale » a reçu le grand prix de la finance solidaire dans la catégorie « activités écologiques ». Lancée en 2016 par des architectes, elle affiche déjà de sérieuses ambitions pour lutter contre le gaspillage.
« Le BTP est le secteur qui émet le plus de déchets en France, à savoir 227 millions de tonnes chaque année. C’est trois fois plus que les déchets ménagers. Le BTP est également le premier extracteur de matières premières dans le monde », dévoile Joanne Boachon, directrice et cofondatrice de Minéka dont l’objectif est de « démocratiser le réemploi de la construction ».
Un quart des matériaux jetés encore utilisables
Deux salariés, qui travaillent désormais à temps plein, ont mis en place pour cela plusieurs volets d’action, à commencer par la collecte des matériaux de construction auprès des professionnels. « Quand on se rendait sur un chantier, on voyait cet énorme gâchis et on entendait cette phrase : « Cela fait mal au cœur de jeter tout ça ». Il faut savoir qu’en moyenne, 25 % des matériaux qui sont jetés sur les chantiers sont réutilisables. Cela concerne par exemple les déconstructions ou les erreurs de commande, les erreurs de cote qui finissent à la benne faute de pouvoir être renvoyées », indique Joanne Boachon.
L’association se charge ensuite de les redistribuer à des « prix solidaires » dans son lieu de revente, situé au cœur des anciennes usines Tase de Vaulx-en-Velin et ouvert du mercredi au vendredi. Et pas seulement aux professionnels. Les particuliers, qui souhaitent faire des travaux chez eux, sont également concernés.
60 tonnes collectées depuis 2017
Grâce à un partenariat noué avec une quarantaine d’entreprises, le système a déjà permis de sauver depuis le printemps 2017, près de 60 tonnes de la benne, principalement des matériaux en bois. 64 % précisément. Le reste se répartit de la façon suivante : 12 % de vitrage, 8 % de peinture, 6 % de métal et 10 % d’autres matériaux. « L’objectif est d’arriver à 150 tonnes au minimum en 2020 », annonce la fondatrice de Minéka. D’où la nécessité d’accompagner et sensibiliser les entreprises, les maîtrises d’ouvrage, le troisième volet d’action de l’association qui envisage d’agrandir son entrepôt.
Elle a lancé pour cela un financement participatif auprès de sa communauté afin de financer les travaux de mise aux normes et d’aménagement de son nouveau local, qui sera situé rue de la Poudrette à Villeurbanne. Et qui permettra de passer de 350 mètres carrés de stockage à près de 700 mètres carrés.