Lyon : Des nuits plus calmes après les mesures annoncées en Presqu'île mais les riverains ne crient pas victoire
TAPAGE NOCTURNE•Les autorités ont annoncé vendredi une série de mesures pour réduire les nuisances nocturnes subies chaque week-end en Presqu'Ile et dénoncées depuis des mois par les riverainsElisa Frisullo
L'essentiel
- Vendredi, les autorités ont annoncé des mesures pour mettre fin aux nuisances nocturnes observées en Presqu’Ile par les riverains depuis des mois.
- Des policiers supplémentaires ont été déployés sur certaines rues du secteur, où les riverains ont pu enfin dormir les deux dernières nuits. Mais pas partout.
- Le collectif Presqu’Ile en colère reste prudent par crainte d’un « effet d’annonce » des autorités.
Si certains habitants de la Presqu’Ile ont connu des nuits plus sereines ce week-end, tous se gardent bien de crier victoire. Au lendemain de la réunion « de crise » organisée par les autorités, vendredi à Lyon, pour annoncer une série de mesures contre les tapages nocturnes dans l’hypercentre, les nuits de vendredi et samedi n’ont pas été marquées par les cris, klaxons et rodéos devenus habituels rue Edouard-Herriot.
Les équipages de la police municipale et nationale qui se sont relayés jusqu’à l’aube ont visiblement limité le tapage place des Jacobins, rue Edouard-Herriot et dans quelques rues voisines. Mais les nuisances, dénoncées chaque week-end depuis des mois par les riverains, n’ont pas épargné tout le monde. « La nuit a été infernale sur les quais de Saône. On déplace le problème et ce sont les autres qui trinquent », a réagi ce dimanche matin une habitante sur la page Facebook du collectif Presqu’Ile en Colère. « Les autres rues ont trinqué », ajoute une autre tandis qu’une résidente, qui a enfin passé une nuit calme confie : « Pour une fois, je ne vais pas sacrifier un dimanche à dormir pour récupérer avant d’attaquer la semaine de boulot. Et c’est déjà ça ».
Des barrages amovibles, plus de policiers
Après une nuit particulièrement tendue le 13 septembre, au cours de laquelle un riverain excédé a jeté un projectile sur des fauteurs de trouble qui ont semé la terreur par la suite dans le quartier, les autorités ont détaillé des « mesures concrètes » pour calmer la situation. Un arrêté, reconduit jusqu’au 28 décembre, interdit de circuler de 22 heures à 4 heures du matin les vendredis et samedis rue Edouard-Herriot, rue Gasparin, Emile Zola et place des Jacobins. « De systèmes amovibles de barrage, du même type de ceux utilisés le 14 juillet en prévention des actions terroristes, seront installés les nuits du vendredi et samedi », précise la mairie de Lyon, qui devrait expérimenter la vidéo verbalisation des infractions au Code de la route très prochainement.
La préfecture, qui a renforcé les contrôles de circulation depuis début septembre, s’est engagée à affecter de nouveaux équipages à la surveillance de la Presqu’Ile nord, ces mêmes jours de la semaine. La métropole a également indiqué « qu’une étude était lancée pour installer, dans un délai de 18 mois, des bornes d’accès pérennes, rues Edouard-Herriot, de Brest, Paul-Chenavard et Emile-Zola ».
D’autres quartiers mobilisés
Des promesses que le collectif, prudent, attend de voir se concrétiser. « On a pu dormir, c’est magique. Mais on ne nous a pas annoncé non plus de choses qu’on ne nous avait pas déjà dit. Pendant six mois, on ne nous a pas écoutés. Alors, nous restons prudents car nous n’aimerions que ce soit un effet d’annonce », indique Pauline, habitante de la rue Edouard-Herriot et porte-parole du collectif. Edouard Raffin, l’avocat du collectif, a prévu d’adresser dès lundi à la mairie et à la préfecture des courriers les enjoignant de stopper « ce phénomène urbain devenu systématique et garantir la protection des riverains contre les périls imminents associés ». Un recours gracieux qui pourrait être suivi d’une action juridique si, dans un délai de deux mois, la situation dans l’hypercentre n’a pas évolué favorablement.
La question du tapage nocturne et des incivilités devrait occuper une large partie des débats ce lundi lors du conseil municipal et dépasser le strict cadre de la Presqu’Ile. Ces derniers jours, d’autres collectifs de riverains de Lyon ont commencé à s’activer contre les nuisances dans leur quartier. Une pétition concerne Gerland et une seconde réclame un quartier de la Guillotière « calme, propre et sécurisant ». Ces deux textes ont pour l’heure recueilli plus de 550 signatures.