Ils racontent « leur » Mai 68

Ils racontent « leur » Mai 68

Etudiants mais pas révolutionnaires. Les personnalités lyonnaises interrogées par 20 Minutes sur leurs souvenirs de Mai 68 n'ont pas jeté de pavés aux forces de l'ordre. Mais, quarante ans plus tard, tous prennent plaisir à se replonger dans cette pé...
Recueilli par Audrey Henrion et Elisa Frisullo-  ©2008 20 minutes

Recueilli par Audrey Henrion et Elisa Frisullo- ©2008 20 minutes

Etudiants mais pas révolutionnaires. Les personnalités lyonnaises interrogées par 20 Minutes sur leurs souvenirs de Mai 68 n'ont pas jeté de pavés aux forces de l'ordre. Mais, quarante ans plus tard, tous prennent plaisir à se replonger dans cette période charnière, à la fois pour leurs choix de vie et pour l'avenir d'un mouvement qui, souvent, les dépassait.

· Gérard Collomb, maire (PS) de Lyon « J'étais l'un des leaders de l'aile réformiste, davantage dans la réflexion que dans la révolution. Issu d'une famille d'ouvriers, je savais quelles étaient les aspirations des travailleurs, ce besoin de vivre mieux qui n'était pas la recherche du "Grand Soir". D'ailleurs, je ne me reconnaissais pas dans l'escalade verbale libertaire qui, pour moi, n'était pas ce qu'attendait la classe ouvrière. »

· Richard Wertenschlag, grand rabbin de Lyon « En Mai 68, j'étais étudiant à l'école rabbinique à Paris, dans le Quartier Latin, et désigné porte-parole par les autres étudiants pour relayer nos revendications auprès des professeurs. On voulait tout remettre à plat, être davantage en phase avec la vie réelle, et retrouver dans les cours les racines du judaïsme. Quand tout est rentré dans l'ordre, le vent de liberté avait laissé des traces. Aujourd'hui, pour moi, garder l'esprit de 68, ça veut dire essayer d'améliorer les choses. »

· Philippe Barbarin, cardinal « A ce moment-là, j'étais en terminale à Paris, mais je n'étais pas dans un esprit de remise en question. D'ailleurs, je ne me suis pas rendu compte du bouleversement social qui était en train de se jouer, même si je percevais la menace de l'anarchie. Et puis, à titre personnel, j'étais à l'aube de mes grands choix de vie. Un an après, j'ai commencé mon chemin vers la prêtrise. »

· Jean-Olivier Viout, procureur général « J'avais 22 ans et j'étais étudiant en droit à Grenoble. Je n'oublierai jamais ce professeur qui affrontait chaque jour le piquet de grève, vêtu de sa toge rouge, pour faire cours. Personnellement, je suis rentré assez vite chez mes parents en Savoie, et je suivais les événements à la radio. C'était surréaliste, tout pouvait être remis en question, plus rien ne semblait impossible. »