Lyon: Dans le Beaujolais, chacun peut désormais acquérir des parts de vignes
VIN•Le producteur de vins Agamy vient de créer une société coopérative d’intérêt collectif pour préserver les terroirs…Elisa Frisullo
L'essentiel
- Les particuliers, entreprises, collectivités peuvent désormais devenir propriétaires collectivement de vignes dans le Beaujolais.
- Grâce à cette initiative, le producteur de vins Agamy espère pouvoir préserver et développer son patrimoine viticole.
- Les sociétaires sont gratifiés en bouteilles de vin et peuvent s’impliquer dans la vie de la coopérative.
Voilà qui pourrait tenter les amateurs de vins. Depuis quelques semaines, il est possible de devenir collectivement propriétaire de vignes du Beaujolais en devenant sociétaire d’ Agamy Vignobles. Cette société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) vient d’être créée par Agamy, un groupement de coopératives réunissant, entre Rhône et Loire, 500 vignerons présents sur plus de 1.300 hectares dans le Beaujolais, les coteaux du Lyonnais et les Côtes du Forez.
« Nous avons eu cette idée à la suite d’une enquête menée en 2015 auprès des coopérateurs de la cave. Cette étude n’a fait que confirmer que nous n’échappions pas au vieillissement de la population agricole. Et que, sur certains secteurs de la coopérative, nous risquions de perdre de belles surfaces, de beaux terroirs, faute de reprise d’exploitation », explique Sébastien Coquard, le président d’Agamy, premier producteur de vins en Beaujolais.
Un concept qui séduit dans la vallée du Rhône
Pour préserver ces terres menacées à plus ou moins grande échéance et développer le domaine viticole de la coopérative, les vignerons, tous actionnaires et fournisseurs d’Agamy, se sont mis en quête de solutions. Ils ont finalement trouvé la clé en lorgnant sur un projet développé en 2016 par une coopérative de la vallée du Rhône, Rhonéa Vignobles. En proposant à chacun d’acquérir des parts de vignes, cette SCIC a séduit en un an quelque 250 sociétaires et ainsi collecté plus de 550.000 euros.
Le principe de l’achat collectif de vignes est simple. Chacun – particuliers, entreprises, collectivités – peut acquérir des parts du vignoble (1.000 euros la part). Les sociétaires, qui bénéficient d’un abattement fiscal, participent ensuite pleinement aux décisions et aux projets de la société coopérative. Si vous souhaitez faire un investissement spéculatif, passez votre chemin. Dans une SCIC, les sociétaires sont seulement assurés de repartir avec leur mise de départ et d’être gratifiés chaque année… en bouteilles de leurs vignes.
Un investissement « plaisir »
Les bénéfices de la société coopérative sont réinvestis pour développer l’activité. « C’est un investissement plaisir », confirme Sébastien Coquard. « Les sociétaires peuvent s’impliquer en allant découvrir les vignes, nos métiers ou en participant à des dégustations commentées, à des ateliers organisés dans les caves », ajoute ce viticulteur de 36 ans, emballé par ce projet basé sur « le collectif, le partage et l’humain ».
D’ici à 2022, Agamy Vignobles espère réunir 4.000 sociétaires et avoir atteint 5 millions d’euros de capital. « Cela nous permettra de sauver les terroirs qui doivent l’être et d’acquérir une centaine d’hectares de vignes », ajoute le président d’Agamy. La coopérative vise en priorité l’achat de foncier dans la zone des crus du Beaujolais, sur laquelle la cave compte aujourd’hui peu de coopérateurs.
A ce jour, une dizaine de demandes de souscriptions ont été validées, par des particuliers essentiellement, pour un peu plus de 10.000 euros. Agamy Vignobles est en contact « bien avancé » avec 70 autres personnes, dont un client japonais de la coopérative, gros consommateur de beaujolais nouveau, qui pourrait être séduit par le concept d’achat collectif de vignes.