Villes du futur: A quoi ressemblera Lyon en 2050?
#2050•A l'occasion des Journées nationales de l'architecture les 13, 14 et 15 octobre, «20 Minutes» a décidé de se projeter en 2050. Entre science-fiction et prespectives réalistes, à quoi ressembleront nos villes dans 33 ans?...Caroline Girardon
L'essentiel
- Les villes de « banlieue » et celles qui sont situées dans le couloir de la chimie, pourraient jouer un rôle essentiel.
- A condition de mieux desservir les territoires de la première couronne lyonnaise.
L’année 2050 ? Dans 33 ans, me diriez-vous. Difficile de se projeter à si long terme et de savoir quel visage aura réellement la ville de Lyon à ce moment-là. C’est pourtant la question que nous avons posée à plusieurs observateurs à l’occasion des journées nationale de l’architecture qui se déroulent les 13, 14 et 15 octobre.
« Le véritable enjeu est de s’assurer que la ville fonctionnera encore à cet horizon-là », lâche en préambule Sébastien Sperto, directeur duconseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement du Rhône (CAUE) et directeur d’études à l’Agence d’Urbanisme de Lyon. « Elle devra surtout anticiper les modes de vie et les changements de comportement de ses citoyens », pointe l’architecte pour qui les « villes situées dans la première couronne » sont amenées à jouer un rôle essentiel.
La première couronne jouera un rôle majeur
« Il serait intéressant de voir si la ville de Lyon va continuer de se développer autour de son hyper-centre. Cela me semble compromis car les prix du foncier risquent encore de grimper. Et tout le monde n’aura pas les moyens de se loger en centre-ville. On peut imaginer que la population résidera davantage dans les villes situées aujourd’hui dans la première couronne ». Des villes comme Oullins, Vénissieux, Vaulx-en-Velin ou encore Pierre-Bénite.
Un constat partagé Christophe Boyadjian, architecte et enseignant à Ecole nationale supérieure d’architecture de Lyon. « Dans 30 ans, on peut se dire qu’on aura définitivement inversé le regard sur la périphérie. On aura sûrement une Métropole multipolaire ». Et de citer en exemple la transformation opérée depuis les années 90 dans certains quartiers de la ville ou de l’agglomération.
Des banlieues bientôt incontournables
« Regardez La Duchère. Il s’agissait d’un endroit sous-équipé et mal desservi. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Même chose concernant la Confluence. Qui aurait pensé y habiter ? Les prisons qui s’y trouvaient et le manque d’infrastructures n’incitaient pas les gens à venir s’y installer ». Totalement métamorphosé et modernisé, le quartier est devenu l’un des plus chers de Lyon.
« Grâce à des investissements colossaux, on a réussi à inverser ce regard. Cette nouvelle approche de la ville a permis de garder les populations et amener de la valeur au quartier », poursuit-il. « Dans 30 ans, tous les investissements réalisés sur le long terme auront abouti et ces quartiers seront stabilisés ». Et d’ajouter : « Chaque territoire aura une valeur qui profitera à tous. »
Mailler les territoires
Selon les observateurs, le développement des villes périphériques et la valorisation de ses territoires ne peut néanmoins se faire sans le maintien des services publics et sans « une réflexion sur la mobilité ». « Aujourd’hui, le centre de Lyon est relié aux centres des villes alentour mais il n’y a pas de tangentielle. Il n’existe aucune liaison en transports en commun pour aller de Saint-Priest à Vaulx-en-Velin par exemple », relève Christophe Boyadjian. D’où l’importance de prévoir un maillage efficace qui permettrait de connecter l’ensemble des villes de la Métropole.
« Une Métropole qui a un mauvais système de transports est une ville qui fonctionne mal, prévient Sébastien Sperto. Il faudra anticiper la desserte de ces territoires tout en prenant en compte l’évolution des comportements de déplacements. Il faudra intégrer la place du vélo ou de la marche qui sont des pratiques qui se développent ».
Le couloir de la chimie, «the place to live» ?
Christophe Boyadjian mise également sur le développement des villes du sud de l’agglomération lyonnaises à l’horizon 2050, des « territoires extraordinaires » situés dans le couloir de la chimie. Comme Feyzin qui « pourrait être l’espace le plus naturel aux portes de Lyon ».
Avec le déclassement de l’autoroute A6-A7, une hypothétique levée du plan de prévention des risques technologique et l’avènement de l’utilisation des voitures électriques, ces villes pourraient aisément devenir d’ici 30 ans « the places to live ». « Ce sont déjà des espaces bien desservis avec une qualité paysagère sans égale, bien que relativement méconnue. Elles peuvent devenir les lieux les plus recherchés de l’agglomération, bien plus demandés que les villages de l’ouest lyonnais qui sont moins accessibles », prédit l’architecte. On vous aura prévenus.