SANTEDroit à l'IVG: Des améliorations à Lyon mais encore des difficultés

Droit à l'IVG: Des améliorations à Lyon mais encore de vraies difficultés

SANTEA l'occasion de la journée mondiale du droit à l'IVG, «20 Minutes» a fait un état des lieux de la prise en charge des avortements dans le Rhône...
Elisa Frisullo

Elisa Frisullo

L'essentiel

  • La prise en charge des avortements l’été, vivement critiquée en 2012, s’est améliorée. Mais des patientes sont toujours envoyées dans des départements voisins, faute de places suffisantes dans les services du département.
  • En 2016, sur les 700 femmes suivies pour un avortement au planning familial, 50 ont été envoyées à l’étranger car elles avaient dépassé le délai légal en vigueur en France.

A l’été 2012, la prise en charge de l’avortement avait fait polémique à Lyon. Le planning familial avait alors dénoncé une « remise en cause du droit à l’IVG » en période estivale. L’Association déplorait alors une nette augmentation des délais de prise en charge des patientes due à des sous-effectifs dans les hôpitaux et des restructurations hospitalières.

Cinq ans plus tard, la situation semble s’être améliorée dans le Rhône. Même si pour bon nombre de patientes, faire valoir ses droits relève encore du parcours du combattant. A l’occasion de la journée mondiale du droit à l’avortement, 20 Minutes s’est penché sur la prise en charge des IVG (interruption volontaire de grossesse) dans le département. Etat des lieux…

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  • La prise en charge s’améliore l’été mais reste insuffisante

On est loin des tensions de 2012. Mais l’été reste une période compliquée pour la prise en charge des IVG, dans les quatre centres d’orthogénie des HCL notamment où sont pratiqués 75 % des avortements. « Des efforts ont été faits dans les services hospitaliers dans l’organisation et l’information liées aux congés des personnels. Les femmes sont mieux orientées mais il reste toujours des cas extrêmes pour lesquels nous avons dû, cet été encore, orienter des patientes en Isère », indique Fanny Lelong, chargée de développement au planning familial du Rhône.

Concrètement, en plein été, les services hospitaliers et les cabinets de généralistes et de sages-femmes tournent au ralenti, ce qui allonge les délais de prise en charge des patientes, dont certaines, à un stade de grossesse avancé (10 semaine et plus), n’ont plus beaucoup de temps pour pratiquer l’avortement (14 semaines maximum d’aménorrhée). « Cela génère aussi des difficultés dans le choix de la méthode. Alors qu’elles pourraient bénéficier de l’IVG médicamenteuse (pratiquée jusqu’à 9 semaines d’aménorrhée), certaines femmes, qui n’obtiennent pas de rendez-vous dans les délais, vont devoir faire une interruption volontaire de grossesse par aspiration (chirurgicale) », ajoute Fanny Lelong.

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  • Une meilleure gestion de l’urgence

Depuis 2012, l’Agence régionale de santé a mis en place avec les acteurs impliqués dans le droit à l’avortement un protocole d’urgence. « L’idée était d’améliorer les délais de réactivité pour la prise en charge des patientes en situation extrêmement urgente », ajoute le planning familial. L’objectif est notamment d’éviter que ces femmes soient contraintes de se rendre à l’étranger pour pouvoir avorter, après avoir dépassé le délai légal en vigueur en France. « Il y a eu des avancées sur ce point, il y a davantage de réactivité », estime Fanny Lelong. Mais des progrès restent à faire.

  • De trop nombreuses femmes envoyées à l’étranger

S’il y a un point majeur sur lequel la prise en charge des IVG peut s’améliorer dans le Rhône, c’est sur la gestion des femmes accueillies entre leur douzième et leur quatorzième semaines d’aménorrhée (date du premier jour des dernières règles). Dans les services d’orthogénie, tous les praticiens ne pratiquent pas l’IVG à ce stade de grossesse avancé. Soit parce qu’ils ne souhaitent pas soit parce qu’ils s’estiment insuffisamment formés.

« On accueille encore des femmes qui ont dépassé le délai légal pour avorter », indique le planning familial. Dans ces cas-là, les patientes sont orientées à l’Etranger. En Espagne, où les délais pour pratiquer l’IVG sont de 14 semaines et jusqu’à 22 semaines en cas de malformation ou de risque pour la santé de la mère, ou au Royaume-Uni et aux Pays-Bas où il est de 24 semaines d’aménorrhée. Sur les 700 femmes suivies en 2016 par le planning familial du Rhône, 50 ont été orientées vers l’Etranger. « Mais toutes ne peuvent pas y aller en raison du coût du voyage et de l’intervention et sont donc contraintes de mener à terme une grossesse non désirée », ajoute Fanny Lelong.

  • Un besoin d’information des professionnels de santé

Si l’information des femmes en matière de droit à l’IVG peut toujours être améliorée, il en va de même de l’information et de la formation des professionnels de santé. Si en pratique, les médecins généralistes et les sages-femmes peuvent prescrire l’IVG médicamenteuse, tous ne sont pas enclins à le faire. Par manque de temps, de volonté ou de formation. « On voit quand même des professionnels volontaires pour se former », tempère Fanny Lelong, convaincue que la prise en charge de l’avortement peut encore s’améliorer grâce à l’information.

« C’est toute la chaîne des professionnels de santé (échographes, sages-femmes, généralistes, gynécologues) qui doit être informée. La loi évolue mais le temps que l’information passe, elle met un certain temps à être appliquée », ajoute le planning.