Finalement, Alex Morgan va-elle vraiment manquer à l'OL, sur le terrain et en dehors?
FOOTBALL FEMININ•L’attaquante américaine de 28 ans n’est plus lyonnaise. Entre impact colossal sur les réseaux sociaux et performances sportives mitigées, « 20 Minutes » se penche sur les conséquences de cette décision pour l’OL…Jérémy Laugier
L'essentiel
- Alex Morgan vient d’officialiser dimanche qu’elle ne reviendrait pas à l’OL cette saison.
- Son passage de janvier à juin restant mitigé à Lyon, on peut se demander s’il s’agit d’une véritable mauvaise nouvelle ou non pour le vainqueur des deux dernières Ligues des champions.
Cinq mois et puis s’en va. Entamée dans une euphorie inédite pour le football féminin français en janvier l’histoire entre Alex Morgan et l’OL est officiellement terminée depuis dimanche. Finalement, l’attaquante américaine d’Orlando va-t-elle vraiment manquer aux quadruples championnes d’Europe ?
Oui, car elle a boosté le club comme jamais médiatiquement
L’OL n’est pas près d’accueillir à nouveau une star cumulant plus de 11 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, y compris dans sa section masculine. Chacun des neuf épisodes de la série lui étant consacrée (« Rdv with Alex Morgan ») a explosé tous les chiffres de la chaîne YouTube du club, avec entre 17.000 et 260.000 vues. Présentée par Jean-Michel Aulas comme « David Beckham au féminin », elle va forcément laisser un vide au niveau digital et médiatique, et ce bien au-delà des frontières françaises.
Non, car elle n’a pas eu un impact immense dans les titres de l’OL
Lorsqu’elle a rejoint Lyon durant la dernière trêve hivernale, Alex Morgan a intégré une équipe aux postes doublés déjà tranquillement en route vers son 11e titre consécutif en D1. Parmi ses 12 buts inscrits sous le maillot de l’OL (en 16 matchs), aucun ne l’a été lors d’une rencontre accrochée ou en Ligue des champions. Hormis son immense activité dans le quart de finale européen aller à Wolfsbourg (0-2), l’Américaine n’est pas parvenue à briller au cours de l’épreuve reine.
Sa sortie sur blessure, dès la 23e minute de jeu, en finale à Cardiff contre le PSG, symbolise ses malheurs dans cette compétition, malgré le sacre collectif au bout des tirs au but. Quand on songe aux performances si régulières, lors des dix dernières années, de Lotta Schelin, Camille Abily, Eugénie Le Sommer et Ada Hegerberg, il est clair qu’Alex Morgan ne restera pas vraiment dans les mémoires pour son apport sur le terrain à Lyon.
aOui, car elle a été un modèle de professionnalisme à tous les niveaux
Dès son arrivée en France en janvier, on a vite senti qu’Alex Morgan ne déclenchait aucune jalousie dans le vestiaire lyonnais. Et ce notamment en raison de son investissement total, JMA et Gérard Prêcheur s’accordant volontiers à louer sans cesse son professionnalisme. Ses partenaires ont également été bluffées en recevant tous comme cadeau un casque audio de la part de l’internationale US.
Celle-ci a également fait le job avec les nombreux supporters en quête de selfie avec elle durant ses cinq mois à Lyon. « Nous avons été surpris avec mes amis de sa fraîcheur et de sa disponibilité après 90 minutes d’efforts », apprécie Yannick Courbon (21 ans), qui s’est fendu d’une banderole pour obtenir ce fameux selfie en mars. « Alex est vraiment une belle personne. Elle est parfois restée une demi-heure de plus que les autres joueuses après les matchs. Elle a toujours su gérer les fans sans faire appel aux services de sécurité », complète Willy Pasche, un fidèle supporter des Lyonnaises.
aNon, car Lyon lui a déjà trouvé une remplaçante performante
Avant même le refus officiel d’Alex Morgan de quitter une nouvelle fois sa franchise d’Orlando Pride, l’OL a fait ce qu’il fallait pour renforcer sa ligne d’attaque. Arrivée la semaine passée, Shanice van de Sanden (24 ans, Liverpool) a eu un rôle majeur dans la conquête du titre européen de la sélection hollandaise cet été. Rien ne dit que Reynald Pedros soit perdant au change, d’autant qu’une attaquante supplémentaire pourrait éventuellement conclure le mercato lyonnais.
Oui, car elle a attiré un nouveau public dans le football féminin
Pour leur première saison à Décines, les Lyonnaises ont souvent eu la bonne surprise de remplir les 1.500 places du terrain principal du centre d’entraînement lors de matchs de D1 sans suspense. Au Parc OL, la demi-finale retour de Ligue des champions contre Manchester City a même attiré 19.214 spectateurs. La présence d’Alex Morgan n’y était visiblement pas étrangère. « Certains ont débarqué là uniquement pour découvrir sa beauté, confirme Willy Pasche. Mais sa présence a surtout attiré beaucoup d’enfants et d’ados portant son maillot. »
Non, car elle aurait pu freiner l’émergence de jeunes talents tricolores
Au vu de la carrière et de l’aura d’Alex Morgan, ainsi que de l’investissement du président Aulas dans ce transfert, il était très compliqué pour Gérard Prêcheur de ne pas l’aligner. Une contrainte qui aurait pu freiner cette saison l’émergence de jeunes talents formés à Lyon dans ce secteur de jeu, à commencer par Delphine Cascarino. Victime d’une rupture des ligaments croisés en janvier, l’attaquante de 20 ans va peu à peu retrouver les terrains.
Le nouvel échec des Bleues lors de l’Euro aux Pays-Bas a rappelé que le réservoir offensif n’était pas si énorme que ça en France. Outre Delphine Cascarino, l’ex-Bordelaise Emelyne Laurent (18 ans) pourrait elle aussi mériter de découvrir le plus haut niveau, en D1 comme en Ligue des champions avec l’OL. Le départ d’Alex Morgan pourrait quelque part profiter à cette jeunesse. Puis aux Bleues ?