VIDEO. Pourquoi le football australien mérite vraiment de percer, à Lyon comme en France
DECOUVERTE•Pour la première fois depuis la création du club en 2013, les ALFA Lions sont devenus champions de France de « footy ». « 20 Minutes » en profite pour vous faire découvrir une discipline ultra-méconnue…Jérémy Laugier
L'essentiel
- Mélange de nombreux sports collectifs, rugby et foot en tête, le football australien ne peut se résumer aux spectaculaires highlights de plaquages tournant sur Youtube
- En seulement quatre ans, les ALFA Lions ont franchi plusieurs paliers, en obtenant un premier titre de champion, en ayant des joueurs internationaux et en intégrant des filles dans leurs entraînements
- « 20 Minutes » vous explique donc pourquoi ce sport gagnerait à être connu à Lyon et dans toute la France, qui ne compte actuellement que huit équipes
Au parc de Parilly à Vénissieux, le footing a appris à faire bon ménage avec le « footy ». Mais même quatre ans après la naissance de l’Association lyonnaise de football australien ( ALFA), les joggeurs longeant le terrain habituellement réservé au rugby hallucinent encore : « C’est quoi ce sport bizarre où ils ont le droit de faire des passes vers l’avant ? ».
Se jouant historiquement à 18 contre 18 sur un terrain deux fois plus grand, le football australien a été ramené à Lyon (dans sa version « reste du monde » à 9 contre 9) par Charles Bernigaud, à son retour d'une année au pays des Wallabies. Avec Bruno Lalanne, il a fondé les ALFA Lions, qui n’étaient que six lors du premier entraînement, en juin 2013. Voici pourquoi ce sport extrêmement méconnu séduit désormais une trentaine de Lyonnais, devenus champions de France pour la première fois cette saison.
aParce que ça reste une discipline ovni en France. Seulement huit clubs dans l’Hexagone (soit moins de 400 licenciés) ont participé en 2016-2017 au championnat organisé par le Comité national de football australien ( CNFA). Hormis Lyon, seuls Paris, Cergy-Pontoise, Bordeaux, Perpignan, Toulouse et Blagnac ont donc une équipe structurée. « C’est sûr qu’en faisant du footy en France, il y a un petit côté pionnier qui est sympa », sourit Charles Bernigaud, actuel entraîneur des Lions. S’ils ont compté jusqu’à quatre Australiens à un moment dans leur effectif, il n’y en avait plus un seul cette saison.
Comme Charles, certains joueurs ont tout de même craqué pour la discipline lors d’un long séjour en Australie. « Là-bas, c’est simple, il n’y a que le footy pour les hommes et le netball [sorte de basket… sans planche ni dribble] pour les femmes, explique Thomas Depondt, l’un des tauliers des ALFA Lions. Et quand on découvre un sport un peu atypique à 23 ans, on a envie de le conserver. »
Parce que c’est un sport aussi spectaculaire que fun. Les rares Lyonnais ayant entendu parler de football australien sont sans doute les habitués de l’Ayers Rock et de l’Ayers Boat ayant déjà vu des best of de chocs aériens assez invraisemblables. « Même si certaines images sur Internet peuvent faire un peu peur, on est quand même beaucoup moins dans le contact qu’au rugby et plus dans l’évitement », assure Mathieu Ostorero, ancien demi d’ouverture en Reichel A avec Nice et aujourd’hui défenseur des Lions. Si on a le droit de plaquer entre genoux et épaules ou encore de percuter un adversaire en l’air, la dimension spectaculaire du « footy » ne se résume pas à ça.
Avec son ballon ovale (comme son terrain), ses passes au pied mais aussi à la main à faire comme une manchette au volley, l’absence de hors-jeu et un score qui peut gonfler extrêmement vite (six points à chaque frappe entre les poteaux, quelle que soit la hauteur), le rendu est plutôt sympa. « Il faut en plus imaginer entre nous une ambiance rugby mais en plus fun encore », ajoute Thomas Depondt. Ce n’est pas pour rien que les Lions sont actuellement en contact avec le LOU Rugby « pour faire des initiations auprès de leurs jeunes ». Et pourquoi pas un jour une rencontre en marge d’un sommet du Top 14 au stade de Gerland ?
Parce qu’il faut être un sportif complet. « Ce qui m’a vraiment plu avec le footy, c’est qu’il s’agit d’un mélange de plein de sports, poursuit Thomas Depondt, qui avait auparavant pratiqué basket et handball. On a besoin d’être physique et agile mais aussi d’aimer le contact. Au niveau professionnel en Australie, ce sont peut-être les athlètes les plus complets qu’on puisse trouver. » Pas de bête surdimensionnée comme dans le foot US ici. « A haut niveau, il n’y a personne comme moi, se marre Charles Bernigaud. Tout le monde est fit pour sauter, sprinter et être extrêmement endurant. »
Parce qu’on peut vite être champions de France. Trois mois après son lancement, le club lyonnais s’est déjà retrouvé inscrit dans l’élite. Après quelques saisons délicates, le club rhodanien a connu son heure de gloire le 30 avril. Et pour cause, il n’a pas du tout manqué son rendez-vous le plus important de son histoire en écrasant Paris Cockatoos (104-41) pour sa première finale du championnat… juste après le derby du Top 14 Stade Français-Racing à Jean-Bouin.
« C’est peut-être confidentiel mais dans l’univers du footy, c’est le Graal de remporter le bouclier en Bois », insiste Thomas Depondt, ravi de disputer du même coup sa première Ligue des champions en mars 2018 à Amsterdam.
Parce qu’on peut disputer une Coupe du monde en Australie. Ce n’est pas tout, cinq Lyonnais font partie de la sélection française qui disputera le mois prochain à Melbourne la Coupe du monde amateur (sans les Australiens donc). « Représenter son pays avec la tenue et l’hymne national avant les matchs, ce sera quand même quelque chose », confie Thomas Depondt. On veut bien le croire, même si dans le même temps, le grand public passera son été à se plaindre d’un millésime sans JO ou compétition majeure en football et rugby.
Parce que les femmes se prennent au jeu… avec les hommes. Quelle surprise pour nous de débarquer à un entraînement d’une discipline traînant quasiment une réputation de K1 des sports collectifs et d’y voir cinq femmes mélangées aux hommes. « Ça leur plaît qu’on les intègre. Elles n’ont jamais eu peur de s’entraîner avec nous », explique Charles Bernigaud, qui espère qu’un championnat féminin verra à l’avenir le jour en France. En attendant, elles affrontent parfois des clubs européens avec un regroupement de joueuses françaises.
Ex-joueuse de rugby, Marine Assemat (26 ans) se rendra elle aussi à la Coupe du monde à Melbourne en août avec une sélection européenne. « C’était notre première année avec mes amies donc c’est un peu fou », sourit-elle. « Les mecs nous prennent un peu pour des warriors quand on leur dit qu’on pratique le foot australien, indique Eva à ses côtés. Mais ce n’est pas si violent que ça. » Vous voilà définitivement convaincus, non ?