Rhône: Pourquoi certains députés La République en marche font encore partie du PS?
POLITIQUE•Quatre députés du Rhône ont été élus dimanche sous l’étiquette de La République en marche alors qu’ils font encore partie du PS…Caroline Girardon
L'essentiel
- Considérés comme « démissionnaires » par le Parti socialiste, ils devraient être exclus dans les semaines à venir
- Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, a lui aussi encore sa carte au PS
Il faut avouer que c’est à y perdre son latin. Dans le Rhône, quatre députés ont été élus dimanche sous l’étiquette de La République en marche alors qu’ils sont encore membres du parti socialiste. Anne Brugnera, Hubert Julien-Farrière, Jean-Louis Touraine et Yves Blein n’ont toujours pas rendu leurs cartes. Et ne semblent visiblement guère pressés de le faire. Tout comme Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur.
Si la situation peut paraître ubuesque, elle ne l’est pas pour les principaux intéressés, ni pour le Parti socialiste. Selon ce dernier, les susnommés ne sont déjà plus considérés comme membres du PS. Il s’agit ni plus ni moins d’une question de formalités qui devrait être réglée dans les prochaines semaines.
« Démissionnaires »
« Tous ceux qui ont parrainé Macron ou fait campagne pour ou avec lui, sont considérés comme démissionnaires. Le règlement est clair : On ne peut pas être dedans et dehors à la fois. La double appartenance n’est pas possible », confie-t-on à la fédération nationale du PS.
Après avoir saisi la Commission nationale des conflits, le Bureau national du PS a adressé le 31 mai, une lettre à tous les premiers secrétaires fédéraux et aux parlementaires, stipulant ce changement de statut. Une liste « nominative des camarades en question » devait être publiée « prochainement » pour rendre cette disposition « juridiquement incontestable ».
Mais aujourd’hui, cette liste n’a toujours pas été validée juridiquement. Aucune date n’a été actée. Et les principaux intéressés font toujours partie du PS. «Gérard Collomb attend d’être exclu. Rien n’a changé depuis des mois. Il n’a reçu aucune lettre personnelle », confirme-t-on dans l’entourage du maire de Lyon. Même chose pour les quatre députés rhodaniens concernés. Après sa réélection dimanche soir, Yves Blein a confirmé à la télévision qu’il faisait toujours partie du PS.
Question de priorité
Malgré des annonces tonitruantes, la chasse aux « traîtres », même si on refuse ce terme au PS, ne semble pas être la priorité du parti. « Nous avons un bilan à tirer de ces départs. Il serait trop facile de lâcher des noms en pâture sans se poser des questions. Nous n’avons rien à gagner à essayer de clouer des personnalités au pilori puisque nous devons avant tout nous interroger sur notre responsabilité collective », justifie Corinne Narassinguin, porte-parole du PS au sujet de la lenteur de la procédure. Et de préciser que l'« urgence » était la réunion du Conseil national, le samedi 24 juin, au cours de laquelle la direction du Parti socialiste va proposer de ne pas voter la confiance au gouvernement d’Edouard Philippe, le Premier Ministre.
« Cela les arrange bien au fond »
« Je pense que ça les arrange bien au fond de prendre leur temps, car pendant ce temps, ils continuent de toucher les cotisations », lâche une jeune élue lyonnaise, précisant sa volonté de quitter le PS. « Le mouvement En Marche ! étant devenu un parti politique, il est évident que l’on ne peut pas se revendiquer de deux partis et que l’on doit faire un choix. » Alors pourquoi ne pas avoir pris les devants en démissionnant il y a déjà quelques mois ? N’aurait-il pas été plus simple d’envoyer un courrier à la fédération départementale que d’attendre l’exclusion ?
« Si on ne l’a pas fait avant c’est qu’on était occupé à préparer la campagne présidentielle et le premier tour des législatives », répond l’élue. A moins qu’il s’agissait aussi pour certains de se garder une porte de sortie en cas d’échec d’Emmanuel Macron…