Rhône: Une liqueur de cerise pour faire perdurer l’exploitation familiale
AGRICULTURE•Romain et Franceska, la vingtaine, produisent seuls leur liqueur de cerise, de la cueillette à la mise en bouteille…Pierre Cloix
L'essentiel
- Romain a lancé sa marque de liqueur de cerise accompagné par son amie Franceska
- Il reprend l’exploitation de ses grands-parents et entend bien lui donner un nouveau souffle
«Je suis né dans la cerise ». Romain, 27 ans, a grandi en voyant ses grands-parents ramasser les fruits des centaines de cerisiers présents sur son domaine de Chevinay, dans le Rhône. Le jeune homme a toujours su qu’il reprendrait l’exploitation familiale. Aussi, lorsqu’il y a deux ans, l’occasion s’est présentée de succéder à ses aïeuls, il n’a pas hésité longtemps avant de se lancer. Mais pas question de faire de la « cerise de table » à vendre sur les marchés. Ce qu’il cherchait, c’était une idée neuve pour moderniser le domaine. Après mûre réflexion, Romain, accompagnée de son amie Franceska, a décidé de se lancer dans l’alcool de cerise.
Depuis 2015, les deux jeunes gens s’attachent à produire deux spiritueux différents : une crème de cerise, qui accompagnera les cocktails et une liqueur, « plus robuste ». Pour la fabrication, ils ont pris le parti de tout faire eux-mêmes. En ce chaud mois de juin, ils veillent sur leurs cerisiers, dès l’aube jusqu’à tard le soir. Ils cueillent les fruits qui leur permettront ensuite de produire leur alcool.
Un produit haut de gamme
Au sein de leur exploitation baptisée Chamblance, on ne fait pas de l’eau-de-vie classique comme on peut en voir quelques bouteilles chez certains producteurs de fruits. Ici, l’idée est de créer un produit « haut de gamme », original et artisanal. « Les seules liqueurs que l’on trouve en grandes surfaces sont faites avec des arômes et pas de vraies cerises, nous nous sommes rendu compte que personne ne l’avait jamais fait alors nous nous sommes lancés », explique le producteur.
Avec un produit bio, non traité et familial, Romain et Franceska ont une carte à jouer. Leurs liqueurs ont selon eux déjà séduit plusieurs bars de Lyon, notamment « L’Antiquaire » qui propose un cocktail utilisant, comme base, leur crème de cerise. Pour vendre leurs produits, ils n’ont pas hésité à faire du porte à porte. A chaque fois, le charme a opéré auprès de leurs interlocuteurs.
Quatre tonnes récoltées sur une année
Ce projet, Romain y croit. « J’y ai placé toutes mes économies ». Pour l’instant, les produits sont en quantité limitée. Seules 1.790 bouteilles de crème de cerise et 367 de liqueurs ont été produites. « On privilégie la qualité à la quantité », ajoute Franceska. Mais pour la suite, si la demande est au rendez-vous, ils sont déjà prêts. « On a largement de quoi produire plus, mais pour l’instant, à deux, c’est le maximum que l’on puisse faire ».
Et les deux jeunes gens ne lésinent pas. A eux deux, ils ont ramassé environ 4 tonnes de cerises sur une année. Lorsque l’on voit les centaines de cerisiers tout autour de l’exploitation, on imagine que ces fruits ont de beaux jours devant eux, en liqueur comme en cocktail.