SOCIETEL'entraîneure de foot toujours interdite de terrain en raison de son voile

Isère: Une entraîneure de foot toujours interdite de terrain en raison de son voile

SOCIETELe président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, Bernard Barbet reste ferme sur sa position, refusant toujours qu'Essia Aouini, entraîneure de football, accompagne son équipe lors de finale la Coupe Rhône-Alpes...
Floriane Riquelme

Floriane Riquelme

L'essentiel

  • Essia Aouini, jeune entraîneure d'une équipe de football féminine ne pourra pas accompagner son équipe en finale de la Coupe Rhône-Alpes car la Ligue refuse qu'elle continue de porter le voile sur un terrain de foot
  • Les politiques s'en mêlent: Laurent Wauqiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, soutient la décision prise par le président de la Ligue régionale.

La situation n’évolue pas pour Essia Aouini. La jeune femme de 19 ans, qui entraîne une équipe de football féminin, composée de joueuses âgées de 10 à 13 ans, à l’AS Surieux, à Echirolles, près de Grenoble, ne peut toujours pas accompagner ses protégées en finale de la Coupe Rhône-Alpes. Aujourd’hui, les politiques s’en mêlent.

Le président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, Bernard Barbet, a refusé la semaine dernière qu’elle assiste à la rencontre. La raison ? La jeune femme est voilée et le règlement, d’après la ligue, interdit tout port de signes ou tenues religieuses sur un terrain lors d’une compétition officielle.

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Une décision approuvée par Laurent Wauquiez, président de la région qui, dans un communiqué datant de ce mercredi, « salue [l'] action et [la] volonté de faire respecter strictement le règlement de la Ligue ».

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« Deux poids deux mesures »

Essia Aouini, elle, ne comprend pas cette décision. Son entourage non plus. Celle qui partage son emploi du temps entre une licence d’anglais à Grenoble et le foot, s’est engagée au sein d’un projet porté par la FFF, qui consiste à lutter contre les discriminations et qui « est censé favoriser les mixités ».

« C’est paradoxal car elle subit une forme de discrimination en étant exclue », estime un dirigeant du club, ayant préféré garder l’anonymat. Pour lui, l’AS Surieux est justement « une vitrine de la société » car le petit club isérois est doté d « entraîneurs de toutes les religions ». « Cette décision de la ligue régionale est aberrante dans la mesure où beaucoup de joueurs de Ligue 1 se signent en rentrant sur le terrain ou se prosternent lorsqu’ils marquent un but », poursuit-il.

« J’ai commencé à jouer au foot il y a quatre ans, juste après avoir décidé de porter le voile. Je n’avais jusque-là jamais rencontré de soucis particuliers », explique Essia. « Elle subit une injustice car, n’étant pas une star, elle n’est pas protégée par sa notoriété. Il y a vraiment deux poids deux mesures dans le sport », ajoute l’un des dirigeants précisant que l’ensemble du club soutient l’entraîneuse.

Les joueuses menacent de boycotter la finale

Cette dernière a tenté d’ouvrir le dialogue en envoyant un mail au président de la ligue. En vain. « A ce jour, je n’ai toujours pas reçu de réponses », déplore-t-elle. Ses collègues de banc ont refusé par solidarité, de la remplacer et d’accompagner ses joueuses lors de la finale, prévue le 6 mai.

De plus, neuf des dix jeunes footballeuses qu’elle encadre, ont fait savoir, durant une réunion organisée vendredi dernier, qu’elles ne souhaitaient pas prendre part à l’événement sans leur entraîneure. « Elles n’iront donc pas en finale tant que la décision du président de la ligue ne sera pas modifiée. On reste sur [nos] positions », prévient l’un des dirigeants

La jeune femme ne compte pas en rester là. Elle a récemment contacté le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité afin de savoir si la décision de la ligue est contestable. La ligue régionale, que nous avons contactée, n’a pas répondu à nos sollicitations.