Lyon, les premiers au monde à soigner l'endométriose par des ultrasons
SANTE•Une étude est menée depuis un an et demi avec des résultats probants...Caroline Girardon
Ne plus avoir de règles douloureuses, ne plus souffrir, ne plus se tordre le ventre et rester clouée au lit la journée. Tel est le désir de nombreuses femmes, atteintes d’endométriose, une maladie qui touche deux Françaises sur dix, en âge d’avoir des enfants.
Jusque-là, le seul traitement proposé en cas d’inefficacité des médicaments antidouleur : l’opération. « Une chirurgie lourde et mutilante », selon le professeur Gil Dubernard, chef du service gynécologique-obstétrique à l’hôpital de la Croix-Rousse. Mais l’homme a eu une idée de génie : utiliser des ultrasons.
Une lésion asséchée en quelques minutes
Aujourd’hui, lesHospices civiles de Lyon (HCL) sont les seuls au monde à soigner les patientes atteintes d’endométriose à l’aide de ce procédé. Dix d’entre elles, âgées en moyenne de 35 ans, ont intégré une étude qui devrait prendre fin au cours de cette année. Le changement est radical et les résultats probants.
« Le traitement se fait tout en douceur. Il n’y a plus besoin de scalpel, ni aucune trace de cicatrice. En cinq minutes à peine, la lésion endométriosique est dévitalisée. Les patientes sont hospitalisées la veille et repartent le lendemain de l’intervention », explique Gil Dubernard.
Avant, une intervention chirurgicale nécessitait sept à dix jours d’hospitalisation, suivis d’un arrêt de travail allant d’un à trois mois. Sans parler des problèmes pour uriner, des risques de fistule et de la perspective de vivre avec un anus artificiel (stomie) pendant quelques mois.
Grazielle en sait quelque chose. Agée de 40 ans, cette mère de trois enfants a été opérée une première fois sous cœlioscopie. Sans succès. « La suite, je m’en souviens encore. Les douleurs sont revenues très vite », raconte-t-elle. Sans hésiter, elle a accepté d’intégrer le protocole. « Au point où j’en étais… ». La perspective de se lancer dans l’inconnu ne l’a pourtant pas effrayée. « Je voulais à tout prix éviter une stomie et puis j’avais confiance dans l’équipe médicale », ajoute-t-elle.
Plus aucune douleur
Aujourd’hui, elle ne regrette pas son choix. « Je ne ressens plus rien depuis un an, à peine une légère gêne parfois. Cela a changé ma vie. Je ne prends même plus de médicaments », explique celle qui a été diagnostiquée à l’âge de 34 ans.
« Cette innovation pourrait concerner deux tiers des femmes atteintes d’endométriose digestive. Elle permettrait à terme de pouvoir traiter deux à trois patientes par jour », souligne le professeur Dubernard. Et même plus. La technique des ultrasons déjà utilisée pour soigner les cancers de la prostate, du sein ou des tumeurs au cerveau, pourrait servir pour traiter des cancers inopérables.
« Nous menons depuis plusieurs années des études sur les cancers du foie ou du pancréas. Nous avons espoir d’y arriver un jour », conclut Jean-Yves Chapelon, directeur adjoint de l’Inserm.