Quais du Polar: Quand la politique se mêle au roman noir
LITTERATURE•Le festival Quais du Polar, qui se déroule le week-end prochain à Lyon, y consacre une partie de sa programmation. L’actualité ne lui aura jamais donné autant raison…Caroline Girardon
Un candidat à la présidentielle, plombé à quelques mois de l’échéance, trahi par des affaires qu’il avait tenté de cacher depuis des années… L’histoire, digne d’un polar, est pourtant bien réelle. Jamais cette année, la politique et le polar n’auront fait aussi bon ménage. Et le festival Quais du Polar, qui se déroulera le week-end prochain, n’imaginait pas que l’actualité, mettrait autant en lumière le lien étroit entre les deux. Ce lien que le festival a choisi d’explorer durant trois jours.
« Nous aborderons les questions du pouvoir, de ses abus et ses manipulations », annonce Hélène Fischbach, la directrice du festival. Et d’ajouter : « De plus en plus d’intrigues s’articulent autour du pouvoir. La politique a toujours été une source d’inspiration pour les auteurs de polar. »
La France se réveille
« Les auteurs sont des personnes extrêmement sensibles qui observent la société, qui analysent sans arrêt son côté sombre. Or, la politique est placée au cœur du système. De fait, ils vont s’intéresser à elle et rendent les choses telles qu’ils les perçoivent, complète Erik Fitoussi, de la librairie Passages. Mais cela a toujours existé. On peut dire que Balzac le faisait déjà même si ces livres ne sont pas considérés comme du polar ».
« Le phénomène n’est pas nouveau. Il existe depuis longtemps dans la littérature américaine », confirme Hélène Fischbach. Mais en France ? « Pas vraiment », répond Gabriel Pflieger de la librairie Vivement Dimanche. « Les auteurs de polars abordaient peu ce sujet. Depuis 5 ou 6 ans, ils ont perdu cette timidité. Marc Dugain et Thomas Bronnec, par exemple, y sont parvenus ».
Les politiques prennent aussi la plume
Plus surprenant : les hommes et femmes politiques prennent désormais la plume pour se lancer dans le polar. Jean-Louis Debré, Eva Joly, Vincent Peillon… « C’est intéressant de voir comment ils confrontent la réalité et la fiction », poursuit Hélène Fischbach.
« D’un point de vue littéraire, ils ne révolutionnent pas le genre. Cependant, se cacher derrière la fiction leur permet de se lâcher et de raconter ce qu’ils ne peuvent pas dire publiquement », analyse Gabriel Pflieger. Et de conclure : « Une chose est sûre : la réalité est parfois bien au-delà de ce que l’on imagine. Quand on voit l’actualité, on se demande qui aurait bien inventé un scénario, il y a 10 ans ? »