AS Roma-OL: Pourquoi les tifosis de la Curva Sud vont encore boycotter leur stade contre Lyon
FOOTBALL•Seulement 25.000 supporters romains sont attendus au Stadio Olimpico, jeudi (21h05) lors du 8e de finale retour de Ligue Europa face à l'OL...Jérémy Laugier
De notre envoyé spécial à Rome,
Même un énorme choc de Serie A contre Naples (1-2) n’a pas permis à l’AS Roma de remplir la moitié de son Stadio Olimpico, le 4 mars. Pour la deuxième saison consécutive, l’immense enceinte (près de 73.000 places) sonne souvent creux lors des matchs du club de la Louve. Son affluence moyenne est passée en 15 ans de plus de 57.000 à moins de 29.000 en championnat. En ballottage favorable avant l’alléchant 8e de finale retour jeudi (21h05), l’OL ne risque donc pas de subir une pression phénoménale des supporters italiens, qui devraient tout juste être 25.000 pour l’occasion.
Pourquoi un tel désamour vis-à-vis d’une équipe qui va une nouvelle fois finir sur le podium du championnat avec un jeu souvent spectaculaire ? « Les tifosis historiques de la Curva Sud ne viennent plus au stade depuis qu’une barrière a été construite pour séparer cet immense virage d’environ 18.000 places en deux », explique Roberto Maida, journaliste sportif au Corriere dello Sport.
« Limiter les trafics de drogue et la prostitution »
Si le préfet romain de l’époque, Franco Gabrielli, a décidé de « diviser » les tifosis en juillet 2015, c’est surtout « pour limiter les trafics [drogue, prostitution…] qui avaient lieu au stade », comme le révèle Luca Valdiserri du Corriere della Sera. Depuis près de deux ans, les places sont nominatives dans la Curva Sud comme au Nord (repère des ultras de la Lazio).
« Le Stadio Olimpico n’est plus un lieu qui convient à notre passion débordante. Notre combat ne s’arrêtera pas tant que le club ne se défendra pas face aux instances et à la préfecture », viennent d’expliquer dans un communiqué les ultras de la Curva Sud, guère sensibilisés par le récent abaissement de la barrière.
« La Curva Sud est perçue comme une église par les ultras historiques »
« Cette barrière n’est donc plus que symbolique mais la police est toujours omniprésente, indique Luca Valdiserri. Il faut comprendre que cette Curva Sud est perçue comme une église par les ultras historiques. Certains préfèrent même acheter leur abonnement annuel pour éviter qu’un non ultra n’assiste aux matchs à leur place. » Ceux-ci restent assidus à l’extérieur puisqu’ils étaient environ 2.000 au Parc OL.
Au vu des échauffourées ayant éclaté à Décines jeudi dernier, le millier de supporters lyonnais attendu à Rome restera méfiant avant d’accéder au Stadio Olimpico. Une fois dans le stade, ils devraient se faire entendre. Car malgré les récentes tentatives de son entraîneur Luciano Spalletti de se rapprocher des supporters, l’AS Roma jouera son avenir européen jeudi sans véritable 12e homme.