Journée des droits des femmes: Les Lyonnais désignent leurs « femmes remarquables »
JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES•Pour la première fois, le public était invité à désigner les figures féminines de Lyon ou d’ailleurs qui ont marqué l’histoire…Elisa Frisullo
Depuis plusieurs jours, leurs visages ont investi la ville de Lyon. Lucie Aubrac, Marie Curie et Simone de Beauvoir ont été choisies par la ville de Lyon pour représenter sur les panneaux de la ville les femmes remarquables qui ont marqué l’histoire, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.
Pour ce 8 mars, la municipalité lyonnaise a pour la première fois demandé au public de choisir une figure féminine remarquable, de Lyon ou d’ailleurs. Sur la cinquantaine de propositions faites à la mairie par des habitants, des associations ou des élus, treize portraits ont été tirés au sort et seront présentés mercredi lors d’une soirée publique organisée à la ville de Lyon, déjà complète.
Parmi ces femmes, de grands noms connus de tous, ont évidemment été suggérés par le public, à l’instar de Lucie Aubrac, Simone Veil ou Rosa Parks. Mais plusieurs personnalités moins connues ayant pourtant joué un rôle majeur dans leur domaine, ont été mises à l’honneur. 20 Minutes vous raconte le parcours de cinq de ces grandes dames, vivantes ou décédées, de Lyon ou d’ailleurs, choisies par les Lyonnais.
Olympe de Gouges. Cette femme, de son vrai nom Marie Gouze, est considérée comme l’une des pionnières du féminisme en France. Sous la révolution, celle qui se bat pour les droits politiques et civils des femmes, écrit la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Olympe de Gouges est morte guillotinée le 3 novembre 1793. « Elle a eu cette phrase célèbre : “La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la Tribune”, rappelle Thérèse Rabatel, l’adjointe à la ville de Lyon chargée de l’égalité Femmes-Hommes.
Suzanne Noël. Elle fait partie des premiers médecins à avoir réalisé des opérations de chirurgie esthétiques. Et pourtant, son nom ne vous dira sans doute rien. Suzanne Noël, docteur en médecine, s’est illustrée lors de la Première Guerre mondiale en opérant les gueules cassées. « Elle a fait un travail admirable sur ces grands blessés défigurés. Lors de la Seconde Guerre mondiale, elle a également transformé le visage de résistants et de juifs recherchés », ajoute l’adjointe qui aimerait que le nom de cette grande chirurgienne soit donné prochainement à une rue lyonnaise.
Jeanne Barret. Son nom n’est pas très connu non plus. Jeanne Barret est la première femme à avoir fait le tour du monde. C’était en 1766 à une époque où les dames n’avaient pas leur place dans les expéditions. Aussi, pour être du voyage aux côtés de son compagnon le botaniste Philibert Commerson, Jeanne se fait passer pour son valet. Au bout de deux ans d’aventures, l’explorateur Bougainville, qui dirige l’expédition, s’aperçoit de la supercherie mais laisse le couple continuer le voyage. En 2012, une espèce de Solanaceae, une plante découverte en Amérique du Sud, est nommée Solanum baretiae en l’honneur de cette exploratrice et botaniste, décrite à l’époque comme une femme extraordinaire qui ne recule devant rien.
Philomène Magnin. Une rue de Lyon porte son nom. Philomène Magnin est la première femme à être entrée au conseil municipal de Lyon. En 1944, à la Libération, cette syndicaliste, travailleuse et militante pour le vote des femmes, est désignée par la CFTC, en accord avec le Conseil de la Résistance, pour siéger au conseil municipal provisoire. L’année d’après, elle rejoint l’équipe d’Edouard Herriot, de retour à la mairie de Lyon, où elle restera jusque dans les années 1970. En tant qu’adjointe aux affaires sociales, cette femme politique décédée en 1996, a notamment créé le premier établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de la ville baptisé « Ma demeure ».
Nathalie Paris. Cette Lyonnaise, qui sera mise à l’honneur, est directrice de l’Adapt du Rhône, l’association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées, fondée en 1929 par Suzanne Fouché. A l’époque, cette jeune femme tuberculeuse, choquée par l’exclusion et l’oisiveté forcée auxquelles sont confrontées les personnes handicapées, décide de se mobiliser pour que ce public retrouve sa dignité par la réinsertion professionnelle. Toujours dans ce même objectif, la directrice lyonnaise, elle-même malvoyante, œuvre activement aujourd’hui en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap et dirige près de 130 salariés.
« C’est l’un d’eux qui a proposé son nom parmi les femmes remarquables », précise Thérèse Rabatel, soucieuse, à travers les multiples animations organisées à Lyon dans le cadre du 8 mars, de rendre hommage à ces femmes d’exception. « Les choses ont évolué. On reconnaît aujourd’hui beaucoup plus la valeur des femmes. Mais les mentalités restent encore solidement machistes », estime l’élue lyonnaise.