Lyon : «Des agressions comme celle de mon fils arrivent parce que les gens ne réagissent pas», confie la mère de Marin
INTERVIEW•Marin avait été sauvagement agressé en novembre dernier dans le quartier de la Part-Dieu en venant au secours d'un couple. Sa maman Audrey a décidé de prendre la parole ce jeudi...Propos recueillis par Baptiste Noble-Werner
Audrey, la mère de Marin, a reçu 20 Minutes ce jeudi dans un hôtel proche du Parc de la Tête d’Or pour évoquer son fils. Elle raconte comment elle vit le drame qui touche le jeune homme de 20 ans, sauvagement agressé en novembre dernier après être venu au secours d’un couple. La gorge parfois nouée par l’émotion, elle refuse de se laisser abattre.
Tout d’abord, comment va Marin ?
Marin va comme un jeune homme qui a vécu un choc assez violent et qui essaie de refaire surface. Je l’ai vu ce matin, il est assez fatigué mais il est courageux. C’est quelqu’un de volontaire, il n’a pas fini de nous surprendre.
Pourquoi décidez-vous de prendre la parole aujourd’hui ?
Jusqu’à maintenant, tout ce qui comptait, c’était Marin. Les premières semaines, on ne savait pas comment il allait évoluer. Toute mon énergie était alors centrée sur mon fils. Le fait que je prenne la parole pour l’association La Tête Haute est une manière de contribuer à sa remise sur pieds. Je parle maintenant parce que c’est une autre facette importante de la rééducation de Marin. L’association nous permet de récolter des fonds qui participeront à sa rééducation.
Que vous inspirent les multiples soutiens provenant des réseaux sociaux ?
Je suis assez surprise de l’ampleur que cela prend, vraiment. Ça me touche beaucoup. Certains matins, je me lève et c’est un peu difficile. Je prends mon téléphone et je vois tous ces gens qui envoient des messages. C’est très important, ça me donne de l’espoir et du courage. Quand on est dans une situation de fragilité comme cela, arriver à se gérer soi-même, c’est énorme. Je devais en plus essayer de transmettre de l’espoir à mon fils tout en apaisant mes autres enfants. Quand les gens affichent leur soutien, ça met un peu de baume au cœur.
[Anne-Claire, la tante de Marin, intervient alors : « Cela fonctionne aussi pour Marin. Il fait des efforts lors des exercices de rééducation parce qu’il y a du monde derrière qui l’attend »].
Est-il bien au courant de cet engouement ?
Oui, et il est surpris comme nous. Sa mémoire immédiate lui fait défaut, mais il comprend un petit peu mieux ce qu’il se passe autour de lui.
Une pétition circule sur Internet pour que Marin obtienne la Légion d’Honneur. Pourquoi avoir lancé une telle initiative ?
C’est une reconnaissance de l’action de Marin, de son courage. Il est peut-être utile de montrer aux jeunes générations que c’est important d’agir comme l’a fait Marin. Ça a une portée symbolique forte. Des agressions comme celle de mon fils arrivent parce que les gens ne réagissent pas.
Judiciairement, où en est l’affaire ?
Je sais peu de choses sur le déroulement de l’affaire. Je vais être entendue prochainement. Je n’ai pas envie de me pencher sur ce volet-là, au grand dam des personnes qui nous représentent. Je suis encore pleinement concentrée sur Marin.
Sur une vidéo de Marin postée sur Facebook, on le voit avec le maillot d’Anthony Maisonnial, l’un des gardiens de but l’AS Saint-Etienne. Ce club est-il important pour lui ?
C’est plus qu’important : l’ASSE, c’est son club. À la maternité, on lui avait mis une carte de Saint-Etienne dans son berceau. Une fois, il avait même repoussé un rendez-vous avec sa petite amie pour un match des Verts. Alors qu’il était en réanimation, on lui lisait les articles les concernant. Il a suivi leur match à Manchester et il n’a pas bien aimé ça. On a eu un grand soutien du club qui a été très généreux.