Lyon: Le très long combat du dernier greffé des deux mains
SANTE•Jean-Michel Schryve a été greffé des deux mains à Lyon, en novembre 2016...Caroline Girardon
Il se dit « un homme comblé ». Même si la vie lui a pourtant joué de bien mauvais tours. Jean-Michel Schryve, 51 ans, est le neuvième patient à avoir été greffé des deux mains en France, le huitième à Lyon, concluant un programme de recherches cliniques dans l’attente de nouvelles autorisations. Une chirurgie qui intervient dix- sept ans après la première double greffe des avant-bras.
« C’est miraculeux de retrouver des mains. La première nuit, j’ai pleuré de bonheur, je me suis frotté la figure, les cheveux. je voulais sentir la sensation des mains sur mon visage », confie-t-il. Agé de 51 ans et père de trois enfants, l’homme qui vit dans le Nord de la France a été opéré en novembre à Lyon par les équipes d’Edouard Herriot et de la clinique du Parc. Après trois longues années d’attente.
« La seule chose qui me manquait c’était le toucher »
« J’avais déjà mis du temps à me décider car jusque-là, je m’en sortais très bien avec mes moignons. J’avais réappris à conduire, à me débrouiller au quotidien. Et je ne voulais pas regretter ensuite cette décision. Mais la seule chose qui me manquait c’était le toucher ».
Amputé des quatre membres en 2010 à la suite d’une nécrose, liée à la contraction d’un pneumocoque, et défiguré, l’homme avait déjà dû mener de douloureux combats. « J’ai subi dix-sept opérations pour que l’on me reconstruise le visage, Je me suis battu pour réapprendre à courir. Je sais ce qu’il m’attend et je suis prêt à faire face », glisse-t-il. Car la patience sera de mise. Deux ans avant de retrouver un début de sensibilité dans les doigts. Sans compter les risques de rejet.
Risques de rejet
« On sait que les greffes seront perdues un jour. On ne connaît pas encore leur durée exacte aujourd’hui », explique Lionel Badet, responsable de l’activité chirurgicale de transplantation au sein de l’hôpital Edouard Herriot.
« Le premier patient greffé de deux mains les a depuis 17,5 ans et tout se passe bien. Mais nous avons dû amputer un autre patient au bout de 12,5 ans », complète Aram Gazarian, chirurgien à la clinique du Parc, qui a supervisé l’opération avant d’ajouter : » ça vaut le coup quand même. Une greffe comme celle-ci permet de récupérer 34 à 97 % de mobilité des doigts et de 50 à 70 % des fonctions normales ».