«Lorsqu’il a rejoint Manchester United (en 2015), il était aux yeux de tous le plus grand talent du football néerlandais. » Jean-Paul Rison, journaliste sur l’émission sportive hollandaise FC Afkicken, ne tarit pas d’éloges au sujet de Memphis Depay, qui finalise ce vendredi son transfert de quatre ans et demi à l’OL. Le monde entier l’a réellement découvert en 2014, lorsqu’il est devenu à 20 ans le plus jeune buteur néerlandais de l’histoire dans un Mondial (deux réalisations face à l’Australie et le Chili).

Sur sa lancée brésilienne, le prometteur attaquant a remporté son premier titre de champion des Pays-Bas au PSV Eindhoven, avec 22 buts inscrits à la clé. « Son explosion est arrivée un peu vite, estime le compte Twitter Eredivisie France. Après sa meilleure saison en club, il a peut-être été un peu survendu. Il marquait beaucoup mais le jeu du PSV dépendait plus de Wijnaldum [aujourd’hui à Liverpool] que de lui. Son erreur a alors été de rejoindre un club avec la pression de Manchester United. »

« La marche était clairement trop haute entre le PSV et Manchester »

Considéré comme « le chouchou » de Louis van Gaal (son sélectionneur en 2014), Memphis Depay signe pourtant de tonitruants débuts à Old Trafford, avec un doublé en tour préliminaire de Ligue des champions contre Bruges. Puis plus grand-chose pour une recrue majeure (34 millions d’euros), que ce soit avec van Gaal ou avec José Mourinho, à l’image de son bilan final de 2 buts en 33 rencontres de Premier League de juillet 2015 à janvier 2017.

« La marche était clairement trop haute selon moi entre le PSV et Manchester pour un talent manquant de régularité et avec un état d’esprit pas toujours à 100 % », lance Kévin Diaz, ancien joueur de D2 néerlandaise et désormais consultant pour Canal +. En rejoignant Lyon, l’ex-grand espoir va aussi chercher à reconquérir, à même pas 23 ans, les supporters hollandais avec qui il entretient une relation contrariée.

Un chapeau à la Pharell Williams en sélection

« Memphis n’a pas vraiment un caractère "de Néerlandais" car il montre qu’il possède une très grande confiance en lui, explique Jean-Paul Rison. Au pays, on a tendance à préférer les gens ayant davantage les pieds sur terre. Son attitude fait donc souvent causer. » Son style vestimentaire assez extravagant montre le fossé existant entre la presse hollandaise et l’ailier gauche. « Le fait qu’il portait un chapeau lors d’un rassemblement de la sélection a fait un gros buzz chez nous. L’ancienne génération y voit le symbole de l’échec d’une jeunesse talentueuse mais trop sûre d’elle », poursuit le journaliste.

« Les anciens n’aiment pas trop ce qui détonne là-bas, confirme Kévin Diaz. Pour eux, il faudrait que tous les footballeurs portent des chaussures noires sur le terrain. Alors forcément, quand un joueur au très fort tempérament débarque avec un chapeau à la Pharell Williams… » C’est pourquoi il lui arrive de diviser dans son pays « comme Paul Pogba en France ».

« Ce n’est pas un mauvais garçon »

Si Jean-Paul Rison avait qualifié l’ailier stéphanois Oussama Tannane d' « enfant terrible », il n’est pas aussi dur concernant Memphis Depay. « Il a eu une enfance difficile, avec un père abandonnant la famille lorsqu’il était tout petit. Beaucoup d’observateurs le trouvent arrogant et égoïste sur le terrain. Mais pour moi, ce n’est pas un mauvais garçon. »

Celui qui s’est également essayé au rap aura à cœur de rebondir en Ligue 1 et de montrer que « son année et demie perdue à Manchester n’a pas entamé sa confiance », comme le redoute Kévin Diaz. « Quitter l’Angleterre pourrait être positif pour lui, indique l’ancien défenseur du PSV et de Cannes Adick Koot. La mentalité française peut lui convenir car les gens aiment les dribbleurs et les vedettes ici. » Le Parc OL est même déjà prêt à faire de Memphis son « king ».