Vague de froid: L'éternel casse-tête de l'hébergement d'urgence à Lyon
SOCIAL•Si la préfecture du Rhône assure faire le maximum pour héberger les sans-abri, les associations déplorent un grand nombre de personnes sans solution…Caroline Girardon
Combien de personnes encore à la rue chaque soir ? Le préfet du Rhône a ouvert lundi soir 200 nouvelles places d’hébergement d’extrême urgence, dont 140 dans le gymnase Clémenceau, situé dans le 7e arrondissement de Lyon. Est-ce suffisant ? Non, selon certaines associations qui accompagnent les sans-abri quotidiennement.
« Le 115 est surbooké »
« Il y a encore du monde, beaucoup de monde sans solution », lâche Jean-Paul Vilain, coordinateur de l’urgence des migrants qui a recensé ces derniers jours entre 25 et 30 familles « sans parler des hommes isolés et des célibataires ». Et d’ajouter : « Le préfet a beau dire que personne ne dort dans la rue mais nous n’arrêtons pas de donner des listes de sans-abri, jour après jour. Le 115 est surbooké ».
Un constat dressé également par Jérôme Colrat, directeur général d’Alynéa qui gère le Samu social, interrogé la semaine dernière sur les ondes de RCF. « Plusieurs centaines de personnes restent sans solution. Le 9 janvier, 300 ont sollicité le 115 », expliquait l’homme, soulignant néanmoins l’effort des pouvoirs publics.
« En 2010, il existait 250 places d’hébergement d’urgence supplémentaires ouvertes durant le plan froid. Six ans après, il y en a quatre fois plus. Le problème c’est qu’il y a quinze fois plus de personnes sans solution », constatait-il.
« C’est bien que des gymnases ouvrent, c’est mieux que rien mais ce n’est pas la solution idéale », pointe Pascale Blanchetière, coordinatrice de Médecins du Monde qui dénonce une « gestion thermomètre ». « On attend qu’il y ait -4°C mais ce dispositif aurait dû être ouvert dès le début de l’hiver. Les besoins étaient déjà là. Il n’y a pas eu d’afflux de migrants ou de SDF en quatre jours », ajoute-t-elle.
« Aucun distinguo entre les nationalités »
Un point contesté par la préfecture du Rhône. « Le square Jugand a été vidé. Les personnes qui l’occupaient ont été relogées au gymnase Chanfray mais deux jours après, il y avait à nouveau des tentes de partout. Et ce n’était pas les mêmes personnes », répond une personne proche du dossier, assurant « que le préfet fait du mieux qu’il peut actuellement ». « Notre priorité reste de mettre tout le monde à l’abri, sans faire de distinguo entre les nationalités », conclut-elle.
La préfecture a annoncé que le Train de Nuit, proposant 80 places d’hébergement, ouvrirait vendredi.