Savoie: Vingt ans de prison réclamés contre l'instituteur pédophile
JUSTICE•L'avocat général a requis la peine maximale à l'encontre d'Eric Molcrette, poursuivi pour le viol et l'agression sexuelle de trente petites filles...C.G. avec AFP
Vingt ans de prison. Soit la peine maximale. C’est ce qui a été requis jeudi à l’encontre d’Eric Molcrette. L’ancien instituteur comparaît depuis une semaine devant les assises de Chambéry, accusé d’avoir violé ou agressé sexuellement trente petites filles.
Soulignant leur « gravité », leur « réitération constante » et surtout « le nombre des victimes », insistant sur la « dangerosité de ce pédophile de proximité avec un statut qui le plaçait ipso facto au-dessus de tout soupçon », l’avocat général, Agnès Deletang, a demandé le « curseur maximal » assorti d’une période de sûreté facultative des deux tiers, regrettant que, contrairement au système américain, il n’y ait pas en France « la possibilité de cumuler » les peines.
« Jeux du goût »
Ses premières victimes, âgées de 4 à 6 ans à l’époque, devaient participer, les yeux bandés, à des « jeux du goût » au cours desquels l’homme, qui travaillait à l’école de La Planaise en Savoie, leur imposait des fellations. C’était entre 2011 et 2013.
Les autres fillettes, âgées de 8 à 12 ans, ont été agressées pendant un camp de vacances dans un centre équestre lors du mois d’août 2012. L’enseignant, âgé aujourd’hui de 51 ans, s’introduisait la nuit dans leur chambre afin de les caresser pendant leur sommeil.
Les victimes avaient été identifiées grâce aux photos que l’instituteur pédophile prenait systématiquement pendant ces « séances » et qui ont été retrouvées dans son ordinateur. Incarcéré depuis 2013, il a reconnu tous les faits.
« Il lui reste un long chemin à parcourir », a estimé l’avocat général dans son réquisitoire, en référence au travail psychologique entrepris en détention par l’accusé, dont les explications ne l’ont « pas convaincue » car « il a beaucoup parlé de lui mais très peu des victimes ».
Des familles rongées par la culpabilité
Face à des familles rongées de culpabilité de ne pas avoir pu protéger leurs enfants, Agnès Deletang a insisté sur la « confiance trahie » et sur le fait qu'« il était impossible de décrypter les signaux qu’Eric Molcrette aurait pu émettre ».
Car derrière les trente victimes, il y a trente familles qui traversent cette épreuve. « Des couples connaissent des difficultés, des couples ont explosé », a souligné Me Catherine Rey, avocate de quatre familles.
« Terrible secret »
Deux jours plus tôt, les témoignages poignants de parents, très dignes pendant l’audience, sont dépositaires d’un terrible « secret » quand leur enfant n’a pas eu conscience de ce qui lui avait été imposé.
Pour la défense, Me Nicolas Paradan s’est demandé comment trouver une place « pour dire l’humanité de cet homme qui n’est pas le prédateur qu’on a décrit », mais un homme « à la personnalité complexe, difficile à comprendre, borderline mais pas pervers ».
« Il est venu debout quand d’autres ont choisi la fuite, pour faire face à la peine. La vôtre [celles des parents] et au châtiment », a-t-il ajouté, faisant allusion au suicide de l’ancien directeur de Villefontaine.
Le verdict est attendu vendredi.