Savoie: Un instituteur jugé pour le viol et l'agression d'une trentaine de petites filles
PROCES•Eric Molcrette, qui exerçait dans une école de Chambéry, comparaît à partir de jeudi devant les assises de Savoie...Caroline Girardon
Aujourd’hui, il se dit « rongé par la culpabilité », déterminé à « présenter ses excuses ». Eric Molcrette, instituteur de 51 ans sera jugé à partir de jeudi devant les assises de Savoie pour avoir violé et agressé sexuellement une trentaine de fillettes, entre 2011 et 2013.
Dix-neuf d’entre elles étaient scolarisées en grande section de maternelle et au CP à l’école de Planaise, près de Chambéry. Les autres, âgées de 8 à 12 ans, ont été agressées pendant leur sommeil lors d’un camp de vacances équestre en Charente-Maritime en 2012.
A la veille du procès, les familles « en colère », craignent un « geste suicidaire », rapporte leur conseil, Daniel Cataldi à l’AFP. Elles redoutent surtout que l’homme ne mette fin à ses jours, comme l’a fait l’ancien directeur de Villefontaine, mis en cause en 2015 pour des faits similaires.
« Il est en souffrance même si ce n’est rien comparé à la douleur des victimes et de leurs familles. Il tient à être là devant les parents même s’ils n’entendront sûrement pas ses excuses », répond à 20 Minutes Olivier Connille, son avocat qui assurera sa défense aux côtés de son confrère Nicolas Paradan. Et d’ajouter que son client a reconnu les faits.
« Jeux du goût »
Des faits inimaginables. L’instituteur demandait à ses élèves, qui avaient les yeux bandés, de lécher un produit afin de reconnaître la saveur de certains aliments lors de « jeu du goût ». Des séances qui ont rapidement dégénéré. « Le premier passage à l’acte transgressif a eu lieu un jour, où il n’y avait plus de pipette. Il a utilisé son doigt pour leur mettre dans la bouche et ça l’a particulièrement troublé », raconte Olivier Connille.
Jusque-là, Eric Molcrette n’aurait présenté aucun signe avant-coureur. Mais la suite s’est révélée insoutenable. La vérité a été découverte, lorsqu’une fillette, « trichant » a regardé sous son masque, apercevant l’homme en train de tremper son « zizi » dans du sirop et le mettre dans la bouche de sa camarade. Un rituel qu’il respectait à chaque fois, prenant également en photo ses victimes.
Une addiction aux images pornos
Comment un père de famille, qui avait « une vie rangée » et « aucune trace de condamnation dans son casier judiciaire », a-t-il pu commettre l’impensable ? C’est ce que tenteront d’expliquer ses avocats.
Englué dans des problèmes conjugaux, l’instituteur, qui aurait été victime de trois agressions sexuelles dans son enfance, « s’est perdu sur Internet passant la nuit à regarder des photos pornographiques ». « C’est devenu une addiction pour lui. Il est allé ensuite sur des sites de plus en plus durs jusqu’à basculer vers des sites pédophiles », argumente Olivier Connille. Au point d’emmagasiner des dizaines de milliers de clichés dans son ordinateur et disques durs.
« Bombe à retardement »
Sa défense a déjà prévu de plaider le manque de prévention en France. « En Allemagne, il existe un numéro vert et de la publicité qui incitent les pédophiles à sortir du bois et demander de l’aide, en parlant anonymement, remarque Olivier Connille. Le fait de rencontrer un médecin spécialisé aurait pu permettre une prise en charge rapide. » Et éviter d’en arriver là.
Si la défense compte jouer sur la corde sensible, les parties civiles risquent d’avoir du mal à entendre ces arguments-là. « L’essentiel est surtout de préserver les enfants dont certaines n’ont pas encore conscience de ce qui leur est arrivé », contrecarre Daniel Cataldi, leur avocat. « La question est de savoir comment, à l’avenir, elles vont pouvoir faire face à cette bombe à retardement. »