Chambéry: Une aide-soignante, soupçonnée d'avoir tué des patients âgés, renvoyée aux assises
ENQUÊTE•La soignante de 30 ans est suspectée d'avoir empoisonné treize patients, dont dix sont décédés...E.F.
En un an, dix patients de l’Ehpad du Césalet à Chambéry, en Savoie, étaient décédés dans de troubles circonstances. Les résidents étaient âgés, certes, mais leur état de santé général ne laissait pas présager une fin subite.
Début novembre, après trois ans d’enquête, la justice a décidé de renvoyer devant la cour d’assises Ludivine Chambet une aide-soignante de 30 ans, soupçonnée d’avoir administré la mort à ses patients en les empoisonnant, relate ce mercredi Le Parisien.
En novembre 2013, après la mort d’Élise, une patiente de 83 atteinte de la maladie de Parkinson, la direction de l’Ehpad, alertée par ces morts en série finit par prévenir le parquet de Chambéry. Pour les cinq derniers décès, intervenus après des malaises, les analyses ont en effet révélé la présence de psychotropes non prescrits, ce qui ne manque pas d’attiser les soupçons de l’équipe médicale.
Une seule femme présente les jours des malaises
L’enquête s’oriente alors rapidement vers les personnels soignants, les seuls de l’établissement ayant accès aux médicaments. Il suffit ensuite aux enquêteurs de faire le lien entre les jours des malaises et les employés en service à ce moment-là pour constater qu’une seule aide-soignante est toujours présente à l’Ehpad.
Interpellée le 10 décembre 2013, la jeune femme, soupçonnée d’avoir empoisonné en un an treize personnes âgées de 80 à 95 ans, dont dix ont succombé, reconnaît alors avoir donné à quelques pensionnaires un mélange de médicaments «pour les soulager». Pourtant, aucun des patients concernés ne lui a demandé de mettre fin à sa vie.
Une personnalité complexe
Lors de ses auditions, l’aide-soignante assure ne jamais avoir fait le lien entre les médicaments administrés en cachette des infirmières et les malaises des patients. La justice en doute. Car l’enquête démontre que la jeune femme a, lors de ses recherches sur internet, tapé «Empoisonner un homme» ou «Comment tuer une personne ?».
Des faits sur lesquels l’aide-soignante, incapable d’expliquer ces gestes meurtriers en grande partie reconnus, devra éclairer la justice lors de son procès aux assises. La personnalité de la jeune femme devrait alors occuper une partie des débats, les expertises psychiatriques dont elle a fait l’objet rejetant toute pathologie mentale mais révélant une nature et des traits de caractère très complexes.