Fête de la Science: Les travaux d'une Lyonnaise sur le poisson-zèbre, un espoir pour les grands brûlés
SCIENCES•Alors que la fête de la Science a lieu du 8 au 16 octobre, une doctorante lyonnaise de 27 ans recevra ce mercredi à Paris la bourse L'Oréal-Unesco...Elisa Frisullo
Depuis trois ans, elle consacre la majeure partie de son temps au poisson zèbre. Pour Pauline Nauroy, il ne s’agit en aucun cas d’un animal de compagnie, mais de l’objet de toutes ses recherches. Ce mercredi, cette Lyonnaise de 27 ans sera sur la scène de l’institut Pasteur à Paris, où, aux côtés de 29 autres jeunes femmes, elle se verra remettre la bourse (15.000 euros), décernée chaque année pour favoriser les vocations féminines dans les domaines scientifiques et récompenser le travail des chercheuses.
A cette occasion, Pauline, aura l’occasion de présenter son travail mené depuis 2013 au sein de de Lyon, où elle réalise son doctorat. La jeune femme a épousé la voie scientifique après le bac. Avec envie et détermination. Une filière dans laquelle elle évolue comme un poisson dans l’eau, encouragée par ses proches. « Personne chez moi n’est dans le domaine scientifique. Mes parents n’ont pas fait d’études mais m’ont toujours laissée libre de choisir ce que je voulais faire », confie la doctorante, titulaire d’une licence de biologie.
Des espoirs pour la médecine
Après ses études à l’université Lyon-I, elle a enchaîné avec un master de recherche à l’ENS avant d’entamer son doctorat, en 2013, avec, comme thème de recherches « Comment le poisson zèbre régénère-t-il sa nageoire ? ».
Depuis plusieurs années, ce s’est invité dans les laboratoires grâce à ses incroyables capacités à recréer certains organes en cas de blessures. « Il est capable de régénérer une partie de son corps, comme le cœur, le cerveau ou encore le nerf optique. Si vous lui coupez la queue, elle se reconstitue à l’identique en dix jours seulement », explique avec enthousiasme la jeune fille. Ses travaux ont donc pour objet d’identifier les protéines qui permettent aux cellules du poisson zèbre de se reconstituer.
La compréhension de ce processus, qui mobilise des chercheurs dans le monde entier, offre des perspectives énormes pour la médecine. « Si on parvient à comprendre comment cet organisme est capable de se régénérer et pourquoi d’autres ne le font pas, on pourra, à terme, essayer de l’appliquer à l’homme », ajoute la scientifique.
En médecine, cette découverte pourrait être essentielle afin de faciliter la régénération des tissus, pour les greffes de peau notamment, et soigner les grands brûlés. Une application future motivante pour la jeune femme, qui, une fois sa thèse terminée, fin 2017, aimerait partir à l’étranger pour réaliser son stage post-doctorat.
Un domaine masculin qui évolue
« J’aimerais rester ensuite dans la biologie et continuer à travailler dans la génomique fonctionnelle. Ce qui m’intéresse, ce sont les recherches qui, à l'avenir, auront des applications en médecine et permettront de traiter certaines maladies », ajoute la doctorante, qui, par le passé, a déjà travaillé sur les leucémies et les maladies neuromusculaires.
A l’instar de nombreuses autres jeunes scientifiques, elle aspire aussi à pouvoir, un jour, occuper un poste à responsabilité dans un domaine encore très masculin où les hautes fonctions sont aujourd’hui essentiellement occupées par des hommes. « Pendant longtemps, il a été difficile pour les femmes de faire carrière et d’occuper un gros poste en ayant une vie familiale. Mais la société évolue et dans le domaine des sciences aussi », confie-t-elle, persuadée de pouvoir concilier sa carrière et sa vie personnelle. Comme le fait sa responsable de thèse, directrice de l’institut de géonomique fonctionnelle de Lyon, dont elle s’inspire comme d’un mentor.