Lyon: Des jeunes accueillis en sous-location pour lutter contre la pénurie de logements
INITIATIVE•Le bailleur social de la Ville de Lyon et le Cllaj ont trouvé une idée pour aider les jeunes à trouver un nid...Elisa Frisullo
A les regarder rire et papoter attablées dans la cuisine, on pourrait penser qu’il s’agit de vieilles copines. Pourtant, Fabienne et Paule ont fait connaissance il y a seulement deux semaines, lorsque la jeune fille a pris possession de sa chambre mise à sa disposition par la quadragénaire dans son appartement du 5e arrondissement de Lyon.
Ces deux femmes font partie des premiers « binômes » formés par la , bailleur de la ville de Lyon, et le , association d’aide au logement des jeunes, dans le cadre d’un nouveau dispositif baptisé Mobiclé. « L’idée était de développer un autre mode d’habiter, à petit prix pour les jeunes en mobilité qui viennent à Lyon pour travailler, étudier ou se former. Nous voulons éviter qu’ils refusent un poste ou une formation à cause d’un problème de logement », explique Samira Ibrahimi, chargée de mission au Cllaj Lyon.
Soucieuse également de compléter son offre en faveur des jeunes dont l’entrée dans l’accès au marché locatif traditionnel est souvent compliquée pour des raisons financières, la Sacvl a alors eu l’idée de proposer aux 7.500 locataires de son parc privé ou social d’accueillir un jeune sur une courte durée, en contrepartie de 200 euros nets par mois. « C’est un dispositif de plus pour l’aide au logement des jeunes, qui permet en plus à nos locataires de bénéficier d’un complément de revenus », ajoute Jérôme Coyras, directeur général adjoint de la Sacvl.
Créer du lien social
Fabienne et Paule ont rapidement été séduites. « Mon appartement était trop grand pour moi. Et puis, avoir Paule à la maison, cela m’incite à me bouger davantage », explique cette femme de 47 ans, en fauteuil roulant depuis un accident survenu il y a une dizaine d’années. « Je reconnais aussi que je me sens moins seule, moins isolée », ajoute cette quadragénaire peu épargnée par la vie, dont le regard et le sourire traduisent une grande volonté et une belle énergie. Très vite, les deux femmes ont accroché.
« On a l’impression de se connaître depuis longtemps », confie Paule, une auxiliaire de vie scolaire de 22 ans, dont le contrat de deux ans prend fin dans les prochains mois. Cette jeune femme, tout aussi pétillante, a poussé la porte du Cllaj pour trouver un logement en urgence. « Avant, je louais 300 euros une chambre chez un particulier qui ne déclarait pas le loyer. Lorsqu’elle m’a demandé de partir à la fin du mois, je ne savais pas quoi faire. Avec ma situation professionnelle, je ne pouvais pas accéder à un logement traditionnel. J’étais vraiment dans le besoin ».
Un dispositif encadré, un réel accompagnement
« La pénurie de logements est telle, que c’est à nous de nous substituer à l’Etat et de jouer un rôle citoyen », ajoute Fabienne, pas mécontente non plus de pouvoir compléter ses revenus chaque mois. « C’est gagnant-gagnant », ajoute Samira Ibrahimi. Le locataire n’est pas imposable sur la somme perçue et le sous-locataire continue de toucher ses aides au logement.
Les deux personnes sont protégées par un bail, d’une durée de 1 à 9 mois renouvelable, et encadré en cas de problème. « On est protégé et l’association gère la médiation de A à Z pour s’assurer que tout se passe bien », ajoute Fabienne. Actuellement, une vingtaine de ménages de la Sacvl et une quarantaine de jeunes de 18 à 30 ans sont suivies en vue d’intégrer ce nouveau dispositif.