Sa surdité, il en a vraiment pris conscience à l’adolescence. Quand « les regards ont commencé à changer ». Ou quand il arrivait à « moins suivre en cours ». Avant, il n’imaginait pas être différent des autres.

Kevin Petit n’a jamais entendu le moindre son depuis sa naissance. Ses parents, porteurs du gène, n’ont pas développé de pathologie. Lui, est donc le seul de la famille à vivre dans un monde sans bruit.

La découverte de la langue des signes à 15 ans

Equipé d’appareils auditifs, le jeune homme, âgé de 27 ans, a appris à lire sur les lèvres. Et ses parents l’ont toujours scolarisé dans des classes ordinaires afin qu’il ne se sente pas en marge des autres élèves.

« C’est en intégrant à 15 ans, une classe bilingue au lycée de la Martinière à Lyon que j’ai découvert le monde des sourds et appris la langue des signes », explique-t-il. Depuis, il a décidé d’en faire son métier, étant devenu formateur auprès des entreprises et de particuliers.

Aujourd’hui, Kevin compte bien mettre sa notoriété au service de la communauté des sourds et des malentendants. Car le jeune homme est devenu au mois de mars Mister France Sourd.

« Ce sont mes amis qui m’ont fortement encouragé à me présenter. Ils ont même failli m’inscrire en cachette », raconte-t-il. « Ils m’en parlaient depuis deux ans mais j’avais toujours refusé car je suis relativement timide et je ne suis pas du genre à parader ni à me montrer en public. »

Bien lui en a pris. Kevin, grand sportif, a su charmer le jury sans trop de difficulté. Jeudi, il s’envolera pour Prague afin de représenter la France au concours Mister World sourd. « Je suis dans le même état d’esprit qu’au mois de mars. Un podium serait une bonne chose mais ce n’est pas ma priorité. J’ai surtout à cœur de bien représenter la France. » Et de porter ainsi la voix des malentendants.

« Sans ce concours, on aurait du mal à se faire entendre. Nous n’avons pas la même culture ni la même manière de communiquer », précise le jeune homme, pour qui la surdité n’a jamais été un handicap. « Les gens le voient comme tel. Mais pas moi. Un handicap vous empêche de faire les choses par vous-même. Je considère plus la surdité comme une gêne, elle ne m’a jamais empêché de vivre », conclut-il.