Pédophilie : Quatre prêtres relevés de leurs fonctions par le diocèse et de nouvelles mesures annoncées
SCANDALE PÉDOPHILE•Le cardinal Barbarin a pris de nouvelles dispositions pour mieux encadrer la gestion et la nomination des prêtres...Elisa Frisullo
Améliorer la lutte contre la pédophilie. Ce jeudi, le cardinal Barbarin, qui, depuis la révélation de l’affaire Preynat en janvier dernier, fait face à un scandale majeur, a annoncé une série de mesures contre les abus sexuels au sein du diocèse.
Parmi ces nouvelles normes, qui seront publiées au 1er septembre dans le vade-mecum du diocèse, l’archevêque de Lyon a notamment décidé d’écarter définitivement de tout ministère tout prêtre ayant commis des faits d’agressions sexuelles « sur mineur », « quelle que soit la date des faits et de leur découverte », précise le diocèse dans un communiqué publié sur son site internet.
Des mesures canoniques en cours à l’encontre de plusieurs hommes d’Église
En cas de soupçons d’abus sexuels, un curé faisant l’objet d’une mise en examen ou de poursuites pénales, sera écarté de sa charge, à titre conservatoire, durant le temps de la procédure. En parallèle, une procédure canonique sera menée. Avant d’accueillir des prêtres extérieurs à l’église lyonnaise au sein du diocèse, même pour une mission temporaire, il sera demandé aux supérieurs des curés concernés une attestation certifiant qu’ils répondent « aux critères diocésains en matière de lutte contre les abus sexuels et qu’il n’y a aucun antécédent en ce domaine », assure l’Eglise.
Enfin, tout prêtre, diacre ou laïc, en mission au sein de l’Eglise et recevant une nomination dans le diocèse, devra s’engager à signer et à respecter l’ensemble des règles en vigueur mises en place pour lutter contre les abus sexuels.
Au-delà de ces dispositions, des mesures concrètes ont également été prises suite à la mise en place d’un collège d’experts qui s’est réuni à sept reprises ces dernières semaines pour examiner la situation de prêtres récemment mis en cause mais aussi de cas plus anciens. Selon le diocèse, à l’issue de l’avis rendu par les magistrats, psychiatre, psychanalyste, médecin, parent, composant le comité d’experts, quatre prêtres ont été relevés de leur ministère. Ces cas sont connus de la justice, ajoute le diocèse.
Des mesures canoniques ont également été engagées, sans aboutir encore à d’éventuelles sanctions. « Les procédures sont en cours, mais elles sont longues car, dans ces cas-là, il y a enquête et que la confirmation doit venir de Rome », précise-t-on du côté de l’Eglise de Lyon.
Des « mesures de bon sens qui n’exonèrent pas le cardinal »
A la suite de ces annonces, l’associationLa Parole Libérée, qui a fait ressurgir du passé l’affaire Preynat en janvier en voulant briser l’omerta autour de la pédophilie dans l’Eglise, a estimé ce jeudi que « ces décisions étaient à la hauteur de ce qu’elle attendait ». « Ces mesures que nous avons provoquées étaient attendues. Nous continuons de nous demander pourquoi ces dispositions de bon sens n’ont pas été prises il y a des années », a réagi Bertrand Virieux, secrétaire de La Parole Libérée et victime présumée du Père Preynat mis examen pour des agressions sexuelles sur d’anciens scouts perpétrées dans les années 90.
« Mais il ne faudrait pas qu’il s’agisse d’un écran de fumée qui exonère la responsabilité passée du cardinal Barbarin », ajoute-t-il. En parallèle de l’affaire Preynat, six plaintes ont été déposées à l’encontre du cardinal et de plusieurs membres du diocèse, soupçonnés d’avoir protégé deux prêtres en ayant eu pourtant connaissance de leur passé pédophile. Une enquête préliminaire est en cours sur ces faits présumés, au sujet desquels le Primat des Gaules a été auditionné pendant dix heures récemment.