JUSTICELyon: Jugée en appel pour avoir tué et congelé ses deux bébés

Lyon: Une mère de famille jugée en appel pour avoir noyé et congelé ses deux bébés

JUSTICELe procès d'Audrey Chabot s'ouvre ce lundi devant les assises du Rhône...
Elisa Frisullo

Elisa Frisullo

Une semaine de procès pour tenter de comprendre l’horreur, l’indicible, et cerner davantage la personnalité complexe d’une mère qui, à plusieurs reprises, a repris la vie qu’elle venait de donner. Ce lundi matin, s’ouvre devant les assises du Rhône le procès en appel d’Audrey Chabot, une jeune femme de 36 ans jugée pour avoir tué et congelé ses deux bébés.

Au printemps 2015, cette mère de famille vivant à Ambérieu (Ain) avait été condamnée à 23 ans de réclusion criminelle devant les assises de l’Ain pour ces crimes perpétrés à l’automne 2011 et en 2012, en état de récidive.

Une condamnation en 2002 pour l’assassinat d’un premier bébé

En 2002, cette fille de militaire, mère d’un garçon aujourd’hui âgé de 15 ans, avait déjà été condamnée à quinze ans de prison pour l’assassinat d’un nouveau-né, dont elle avait accouché en cachette dans les toilettes. Sa mère, qui avait accompli le geste assassin, avait écopé de dix-huit ans de réclusion. Après huit années passées derrière les barreaux, Audrey Chabot était sortie en décembre 2010, les psychiatres estimant alors qu’elle « ne présentait pas de risque de récidive ».

Deux mois plus tard, elle tombait enceinte, à nouveau, d’un homme rencontré alors qu’elle travaillait comme serveuse dans un bar d’Ambérieu. En octobre 2011, elle avait accouché d’un garçon, sans que personne ne se soit aperçu de sa grossesse, pas même son ami avec lequel elle ne vivait pas. Elle avait alors donné un prénom à l’enfant, l’avait gardé auprès d’elle et l’avait présenté à son fils comme le bébé d’une amie. Puis, après quelques jours, elle l’avait noyé dans le bac à douche avant de le congeler. Un an plus tard, elle avait tué un second garçon, noyé dès sa naissance.

Macabre découverte en 2013

En mars 2013, son compagnon, auquel elle s’était accrochée malgré des « violences » décrites par la mère infanticide en première instance, avait donné l’alerte après avoir découvert les cadavres des nourrissons dans le congélateur d'Audrey Chabot au moment de préparer le dîner. Lors de sa garde à vue, elle avait reconnu les faits.

« Nous avons fait appel car nous estimons que la peine était trop élevée. La récidive ne peut pas être le vecteur de pensée absolue », estime l’avocat d’Audrey Chabot, Jean-François Canis, soucieux que les débats permettent, cette semaine, d’explorer et de mieux comprendre la question du déni de grossesse.

Ambiguïté et détresse

« Ce point essentiel n’a pas été abordé ni compris lors du premier procès. Nous devons avoir la capacité de comprendre ce qui a pu la pousser à faire ça et l’ambiguïté et la détresse dans lesquelles ces femmes se trouvent. Elles ont envie d’être mères, mais ne se sentent pas capables de l’être. Elles pensent que leurs enfants sont condamnés au malheur et qu’elles en sont responsables », ajoute l’avocat. « On ne peut pas les juger comme des criminels ordinaires ».

Depuis le procès devant les assises de l’Ain, la mère de famille s’est fait ligaturer les trompes, selon son avocat, se plaçant ainsi « dans une position où cela ne pourra plus se passer ». Contacté par 20 Minutes, l’avocat de l’ex compagnon d’Audrey Chabot et père des deux bébés, partie civile au procès, n’a pas pu être joint. Le verdict est attendu vendredi.