Pédophilie dans l'Eglise: Les faits reprochés au prêtre lyonnais Bernard Preynat déclarés non prescrits
JUSTICE•La chambre de l'instruction de la Cour d'Appel a rendu son arrêt ce vendredi...Elisa Frisullo
Le combat judiciaire est loin d’être achevé. Mais l’arrêt rendu ce vendredi par la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Lyon a tout de même eu un goût de victoire pour les victimes présumées du Père Preynat.
Les magistrats ont décidé en effet estimé que les abus sexuels reprochés au prêtre lyonnais, il y a plus de 25 ans, par d’anciens scouts de Sainte-Foy-les-Lyon, n’étaient pas prescrits. Cet arrêt vient ainsi confirmer les réquisitions du parquet général qui avait plaidé le 20 mai pour la non-prescription des faits reprochés à ce prêtre dans cette affaire de pédophilie, à l’origine du scandale qui frappe actuellement l’Eglise.
Une première étape de reconnaissance pour les victimes
Dès le rendu de cet arrêt, l’avocat du père Preynat, Me Frederic Doyez, a indiqué qu’il avait fait appel de cette décision en déposant un pourvoi en cassation. « Il y a 25 ans, le père Bernard Preynat a donné les moyens à la justice d’être rendue. La vraie question qui se pose est : est-ce que l’on peut, à des faits datant d’il y a 25 ans, appliquer la justice d’aujourd’hui ? », a indiqué Me Doyez, précisant qu’en allant en cassation le curé, mis en examen le 27 janvier pour agressions sexuelles sur mineurs, n’avait pas pour intention « de retarder le cours des choses ».
Présentes à la cour d’appel ce vendredi, deux des victimes présumés du Père Preynat se sont réjouies de cette décision. « Cet arrêté a un intérêt pour tout le monde. Pour lui [le prêtre], pour l’Eglise, pour les victimes mais également pour les fidèles, afin que l’on prenne la mesure des choses », a souligné François Devaux, fondateur de l’association La Parole Libérée.
« C’est important pour que demain les affaires de prêtres pédophiles ne se reproduisent plus », a-t-il ajouté, conscient toutefois que le combat judiciaire serait encore long. « Le père Preynat veut gagner du temps. Il a reconnu pendant sa garde à vue et a même avoué des faits pour lesquels il n’était pas entendu. Aujourd’hui, la seule chose que je pourrais attendre de lui c’est qu’il assume jusqu’au bout », a ajouté Pierre-Emmanuel Germain-Thill, l’un des quatre plaignants pour lesquels les agressions sexuelles reprochées au curé ne sont pas prescrites.
« J’ai attendu 25 ans pour libérer ma parole. Peu importe le temps que cela prendra jusqu’au procès, j’irai jusqu’au bout », conclut Pierre-Emmanuel.