Lyon: Le permis de construire du village d'insertion des Roms devant la justice
JUSTICE•Alors que la justice doit se prononcer dans les prochaines heures sur ce dossier, les tensions continuent à Saint-Genis-les-Ollières autour de l'arrivée des familles Roms...Elisa Frisullo
Tous attendent avec impatience la décision du tribunal administratif prévue ce mercredi soir ou jeudi matin et espèrent que cela apaisera les esprits à Saint-Genis-les-Ollières. La justice examinait ce mercredi deux requêtes déposées par la commune et l’association Chapoly, opposée au projet, contre le permis de construire précaire octroyé par la préfecture du Rhône à l’association EHD pour aménager, d’ici à Noël, un village d’insertion des Roms.
Un projet annoncé par l’Etat en septembre, qui, depuis, entraîne de vives tensions et inquiétudes dans cette petite commune, où le début des travaux d’installation d’une trentaine de bungalows a échauffé les esprits cette semaine. Mardi soir, près de 200 personnes ont manifesté, encadrées par 80 gendarmes, et essayé d’envahir le site du fort de Chapoly où doit être accueillie une vingtaine de familles Roms.
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Le maire et les élus menacés
« Lorsque j’ai été élu y a un an et demi, je ne pensais pas que les élus de la commune ou moi-même nous ferions insulter. Aujourd’hui, nous recevons des menaces de morts. On nous menace de nous raser la tête, de brûler nos maisons, de violer nos filles », a témoigné, à la barre du tribunal administratif, le maire de Saint-Genis-les-Ollières Didier Cretenet.
Pour expliquer ces tensions et clivages au sein de la population, les avocates de la commune et de l’association Chapoly ont estimé que ce projet avait des conséquences urbanistiques, sociétales et financières « non réfléchies » par les autorités. « Les conséquences de ce projet sont disproportionnées par rapport à cette commune de 4.800 habitants qui accueille déjà 80 réfugiés sur le site de Chapoly et 12 jeunes délinquants », a fait valoir Vanessa Lopez, l’avocate de la mairie.
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En termes d’urbanisme, le projet menace, selon les opposants, la zone boisée classée de l’ancien terrain militaire où s’est développée une forte biodiversité. En termes financiers, la scolarisation des enfants Roms pourrait avoir des conséquences pour la mairie, évaluées à 60 000 euros selon l’avocate, concernant les frais de cantine et du périscolaire. La cohabitation sur le même site de ces 80 Roms avec les jeunes délinquants et les réfugiés inquiète également dans cette commune, où chacun déplore « l’absence totale de concertation » de la préfecture autour de ce projet.
Des sanctions pour les fauteurs de troubles
En réponse, le représentant de la préfecture a assuré que la scolarisation des enfants et l’accompagnement social des familles seraient gérés par l’Etat et que l’emprise du village ne menaçait pas la zone boisée de ce site de 10 hectares.
En attendant que la justice se prononce sur la validité du permis de construire, une nouvelle manifestation est prévue ce mercredi soir devant le site. Pour éviter de nouvelles tensions, la gendarmerie, qui devrait de nouveau être mobilisée en nombre, a alerté que les auteurs d’éventuelles dégradations ou intrusions s’exposaient à des sanctions judiciaires.