SANTECancer de la prostate: Lyon à la pointe de la rééducation érectile

Cancer de la prostate: Lyon à la pointe de la rééducation érectile

SANTELe service d'urologie de l'hôpital Lyon Sud s'est spécialisé dans les dysfonctionnements érectiles, notamment la rééducation de patients, opérés d'un cancer de la prostate...
Caroline Girardon

Caroline Girardon

Verge molle, difficulté à tenir un rapport sexuel satisfaisant voire même l’impossibilité d’avoir une érection… En France, 15 % des hommes souffrent de dysfonctionnement érectile à partir de 50 ans et 25 % entre 60 et 70 ans. Un sujet qui reste encore relativement tabou.

« Indéniablement, il y a eu des progrès avec le temps. Les gens en parlent plus facilement mais cela reste malgré tout compliqué », observe le docteur Jean-Etienne Terrier, andrologue au service d’urologie de l’hôpital Lyon Sud.

« A 70 ans, on a encore le droit d’avoir des rapports sexuels »

« Le premier rempart, c’est souvent généralement les médecins généralistes débordés. S’occuper de sexualité prend du temps. Ce n’est pas un sujet que l’on évoque en trois minutes. Bien souvent, les patients n’osent pas en parler à leur médecin car ils attendent que ce soit eux qui abordent le sujet. Mais les médecins, faute de temps, ne lancent pas le sujet », poursuit-il.

« C’est un sujet qui peut paraître assez futile mais la sexualité fait partie de la vie. A 70 ans, on a encore le droit d’avoir envie de rapports sexuels. Ce n’est pas interdit et cela fait même partie de la santé globale d’un individu », ajoute le chirurgien qui reçoit une dizaine des patients en consultation chaque semaine.

Intervenir le plus rapidement possible après une opération de la prostate

A Lyon Sud, une partie du service d’urologie s’est d’ailleurs spécialisée dans la rééducation érectile qui s’adresse aux patients, opérés d’un cancer de la prostate. « On essaie de les convaincre de venir le plus rapidement possible, c’est-à-dire un à trois mois après l’intervention. Mais ce n’est pas toujours aisé. Avoir une sexualité pénétrante n’est pas le premier de leur souci. Ils pensent surtout à guérir et à vivre », explique Jean-Etienne Terrier.

« Beaucoup de malades parlent du deuil de leur sexualité, c’est le prix à payer pour leur guérison. On est là pour leur dire que tout n’est pas perdu. » Chaque année, 10.000 hommes subissent une prostatectomie. La moitié d’entre eux retrouvent une érection satisfaisante après la rééducation. Une rééducation qui passe par l’administration de médicaments comme le Viagra, voire de crème. Autres solutions préconisées : les injections intracaverneuses qui consistent à piquer la verge avec un produit capable de provoquer l’érection ou les implants péniens.

L'avenir : un traitement par les ultrasons

Par ailleurs le service d’urologie de Lyon Sud fait partie des cinq centres français qui expérimentent actuellement des ondes de choc (ultrasons). Un traitement (qui ne s’adresse pas aux opérés de la prostate) dont l’objectif est de retrouver des érections naturelles sans aide médicamenteuse.

« En cas de succès, ce procédé novateur pourrait être révolutionnaire car il pourrait offrir une rémission durable aux patients », conclut Jean-Etienne Terrier.