JUSTICERoanne: Une aide-soignante accusée de maltraitance, fixée mardi

Roanne: Une aide-soignante accusée de maltraitance, fixée mardi

JUSTICELe tribunal correctionnel de Roanne a requis un an de prison avec sursis à l’encontre de la quinquagénaire, poursuivie pour avoir brimé des personnes atteintes d’Alzheimer…
Caroline Girardon

Caroline Girardon

Elle risque un an de prison avec sursis. Brigitte B, aide soignante de 55 ans, sera fixée sur son sort mardi, date à laquelle le tribunal correctionnel de Roanne doit rendre son délibéré. La quinquagénaire, employée durant 36 ans au sein de l’EHPAD de la Pacaudière (Loire), est accusée de « violences habituelles sur personnes vulnérables n’ayant pas entraîné d’ITT ».

Elle aurait maltraité plusieurs pensionnaires atteints de la maladie d’Alzheimer lors de ses gardes de nuit, effectuées entre janvier 2011 et mars 2014. Des insultes, des humiliations quasi quotidiennes dénoncées par ses collègues de travail.

« Un règlement de compte sur fond de syndicalisme »

« Ces faits ont été signalés de manière spontanée lors d’entretiens individuels que j’avais mis en place après ma récente prise de fonction », explique Erell Munch, la directrice de l’établissement. « J’ai ensuite signalé ces faits au procureur de la république et à l’ARS (agence régionale de la santé) », poursuit-elle.

« J’ai l’impression qu’il s’agit d’un règlement de compte sur fond de syndicalisme », lâche Frédéric Doyez, l’avocat de l’aide soignante, déléguée CGT particulièrement engagée. « Ma cliente est quelqu’un de très exigeant et d’autoritaire mais elle devait s’occuper de 82 pensionnaires la nuit, aidée d’une auxiliaire de santé. Le rythme était extrêmement difficile. Elle n’a fait que son travail », justifie-t-il.

Des résidents traités de « gros porcs »

« On lui reproche d’avoir changé des résidents en pleine nuit, à deux heures du matin. Est-ce de la maltraitance de réveiller des personnes âgées afin qu’elles passent le reste de la nuit au propre ? Ou vaut-il mieux les laisser dans leurs saletés ? » s’interroge Frédéric Doyez.

« Ce n’est pas ce qui pose le plus de problème, répond Erell Munch. On peut effectivement discuter de la pratique de réveiller ou non un patient la nuit. Mais ce qu’on lui reproche ce sont des brutalités comme d’avoir enfoncé ses ongles dans les cuisses des pensionnaires pour les obliger à écarter les cuisses lors des toilettes intimes. C’est aussi d’avoir traité certains de « gros porcs » car ils s’étaient souillés. Ou d’avoir puni des résidents en les laissant nus sur leurs lits la fenêtre ouverte. D’autres ont été enfermés dans leurs chambres pour ne pas qu’elle soit dérangée. La théorie de la cabale ne tient plus ».

« Elle n’est pas la femme cruelle et sadique que l’on décrit »

« Elle n’est pas la femme cruelle et sadique que l’on décrit. Elle faisait son boulot, avec plus de zèle que d’autres. On a simplement voulu déboulonner la déléguée syndicale en poste depuis 36 ans », insiste Frédéric Doyez précisant que sa cliente « détruite » fera appel en cas de condamnation.

« Ce qu’on attend c’est surtout qu’elle ne puisse plus exercer au contact de personnes âgées », conclut Erell Munch. Le délibéré sera rendu mardi à 14h.