Lyon: Sur les bancs de l'école des agents de joueurs de foot
FORMATION•L'établissement propose une formation de dix mois...Caroline Girardon
«Vous n’êtes pas des marchands de tapis, ni des éducateurs mais des agents. Vous êtes de chefs d’entreprise ». Le ton est donné. Dans les locaux de la toute jeune école des agents de footballeurs de Lyon (ouverte en 2014), l’ambiance est studieuse. Près d’une vingtaine d’élèves ont effectué leur rentrée en début de semaine. Avec un programme chargé pour la journée de mardi : cours de droit du travail le matin et cours de droit fiscal l’après-midi.
Crayon à la main, Stéphanie, l’une des deux seules filles de la promotion, ne perd pas une miette des conseils qui lui sont distillés. A 29 ans, cette ancienne photographe sportive tente une reconversion surprenante.
« Un monde de requins »
« Je pense à ce métier depuis plusieurs années, explique-t-elle. La photographie a un côté solitaire. Là, ce que j’aime, c’est le contact. Cela me plaît de pouvoir accompagner des joueurs tout au long de leur carrière. J’ai hâte d’encadrer des jeunes et de pouvoir négocier avec des clubs. »
« C’est un métier gratifiant humainement mais il ne faut pas oublier que c’est un monde de requins, poursuit-elle en souriant. Je le garde dans un coin de ma tête. » Ayant pratiqué le foot en Martinique pendant une dizaine d’années, Yannick, 26 ans, s’est naturellement tourné vers cette formation.
« Aider les jeunes à faire les bons choix »
« Je n’ai pas eu la chance et l’opportunité de faire mes preuves dans ce sport », raconte celui a qui décroché un diplôme en informatique. « Quand je suis arrivé en métropole, j’ai décliné quelques propositions et j’ai finalement arrêté le foot. Mais je reste passionné. Faire ce métier est une façon pour moi de rester en contact direct avec ce sport », témoigne-t-il. Et de dénicher de jeunes talents
« Dans un premier temps, ma mission sera d’aider les joueurs à faire les bons choix. On voit certaines personnes qui ont gâché leur talent par de mauvais conseil ou par manque de motivation. J’ai envie d’amener ceux qui ont du talent à briller et de leur éviter d’avoir des regrets », dévoile Yannick.
« Un métier parfois risqué »
Mais attention à garder les pieds sur terre. L’école est là pour le rappeler. « C’est un métier parfois risqué. Beaucoup de jeunes agents peuvent se perdre dans les profondeurs du foot business », précise Sidney Broutinovski, le directeur de l’école. « Ils sont parfois prêts à tout signer pour avoir des joueurs, même ceux qui sont proches de la fin de carrière. Il faut qu’ils mesurent la réalité économique. »
« Il est rare pour un jeune agent de signer un contrat en Ligue 1 ou Ligue 2, prévient Anthony Zouzout, l’un des fondateurs de l’école. On commence généralement au niveau amateur ou par de très jeunes joueurs. » Un métier qui ne se résume pas à la signature de contrat. « Il faut bien encadrer les joueurs, leur rappeler si nécessaire qu’ils doivent bien se comporter dans les vestiaires ou sur le terrain », poursuit Anthony Zouzout.
On ne s’improvise pas agent de joueurs comme ça
« C’est aussi maîtriser le droit, connaître les intérêts juridiques des clubs ou de la ligue ainsi que la réglementation du foot français et international », enchaîne Sidney Broutinovski. « Il est obligatoire d’avoir aujourd’hui une école pour réglementer la profession. On a souvent vu des gens s’improviser agent en vendant du rêve à qui voulait l’entendre et à briser ainsi des carrières », poursuit-il.
Les élèves suivent ainsi une formation de dix mois, débouchant sur une licence professionnelle et revenant à 3.850 euros. Ils devront notamment passer une semaine en immersion au sein de l’AJ Auxerre afin de comprendre comment s’articule un club professionnel et étoffer leur réseau.