FIN DE VIESaint-Étienne : « J'assume ce que j'ai fait », assure Jean Mercier devant le tribunal

Saint-Étienne : « J'assume ce que j'ai fait », assure Jean Mercier devant le tribunal

FIN DE VIEL'avocat général a requis une peine d'au moins trois ans de prison avec sursis à l'encontre de l'octogénaire, jugé mardi pour avoir aidé sa femme à se suicider...
Caroline Girardon

Caroline Girardon

Il n’a aucun regret. C’est ce qu’il est venu dire à barre, du haut de ses 87 ans. Jean Mercier comparaissait mardi devant le tribunal correctionnel de Saint-Etienne (Loire) pour avoir aidé son épouse à se suicider en absorbant des médicaments.

Suicide assisté : Jean Mercier jugé pour avoir aidé sa femme à mourir

Ce jour du 10 novembre 2011, il lui glisse dans la main vingt-huit somnifères avant de lui tendre un verre dans lequel étaient mélangés un demi-flacon de morphine et du jus de pamplemousse.

« Pourquoi ne pas lui avoir simplement amené sa morphine comme vous le faisiez régulièrement ? questionne Roland Cuer, le président du tribunal. Les antalgiques qu’elle prenait n’étaient pas les puissants qui existent. Ils arrivaient à la tranquilliser ». « La moindre douleur lui était devenue insupportable. C’est la goutte qui a fait déborder le vase », répond l’octogénaire, poursuivi pour non-assistance à personne en danger.

Fin de vie : Le jour où Jean a aidé sa femme Josiane à mettre fin à ses jours

Les mains tremblantes, secouées par la maladie de Parkinson, Jean Mercier raconte son quotidien : les crises de douleurs de Josette, 83 ans, intensifiées après une fracture du poignet. La dépression qui ne la quittait pas. « La douleur de l’autre c’est un peu la sienne », lâche-t-il. « La mort, il y a longtemps qu’on en parlait. C’était un sujet récurrent entre nous deux. On en discutait de façon naturelle », poursuit-il. Le couple s’était même renseigné pour un suicide assisté en Suisse.

Au moins trois ans de prison avec sursis requis

« La mort a pris dans votre couple une place énorme », s’indigne le président du tribunal. « Si je ne l’avais pas fait, ma femme aurait trouvé que je manquais à ma parole. Je me serais senti coupable », rétorque l’octogénaire affirmant avoir conscience de l’illégalité de son acte.

Des arguments qui n’ont pas convaincu l’avocat général. « Les douleurs étaient curables et apaisables. A aucun moment, il n’y a eu une demande explicite (ce jour-là) de votre femme », lance Jean-Daniel Regnauld avant de requérir « au moins trois ans de prison avec sursis ». « Qui est-ce que cela a libéré au final ? » questionne-t-il.

« Elle est morte car Monsieur avait peur d’elle »

« Il avait la possibilité d’agir après lui avoir donné les médicaments, d’appeler les secours ; il ne l’a pas fait, gronde l’avocat général. Il avait peur de se faire réprimander si elle revenait à la vie. Elle est morte car Monsieur avait peur d’elle. »

Indigné, Jean Mercier contre-attaque une dernière fois. « Si je suis l’homme que décrit monsieur le Procureur, c’est-à-dire un lâche, je mériterais une peine de prison sans sursis. » « Pourquoi me donner du sursis ? Parce que je suis vieux, s’interroge-t-il devant les journalistes. Si je suis coupable, ça doit être de la prison ferme ».

« Cet homme a été honnête toute sa vie. On va le punir à demi-mot avec n’importe quel prétexte. A mon sens, la peine la plus adaptée est la relaxe », appuie Mickaël, l’avocat du prévenu. La décision du tribunal sera rendue le 27 octobre.