Lyon: «Les Potins d'Angèle» fêtent leurs 10 ans

Lyon: «Les Potins d'Angèle» fêtent leurs 10 ans

MEDIASEn pleine crise de la presse satirique, l’hebdomadaire de Gérard Angel​ perdure…
Mikaël Libert

M.L. avec AFP

A l’heure où la presse écrite est en crise, les journaux satiriques régionaux s’efforcent, tant bien que mal, de perdurer. C’est le cas de l’hebdomadaire Lyonnais, Les Potins d’Angèle, qui fêtent, dimanche, ses dix ans d’existence.

Fondé en septembre 2005 par un ancien journaliste politique du quotidien Le Progrès, Gérard Angel, l’hebdomadaire d’une douzaine de pages, émaillées de caricatures de Castillon et Fiche, se targue de « sortir des infos », dans un style « ironique, frisant l’impertinence », pour un prix inchangé depuis 10 ans (2 euros).

« Droit à la mauvaise foi »

Emprunts toxiques du conseil général, dossier du grand stade, musée de la Confluence… D’une plume mordante, Gérard Angel égratigne les politiques locaux de tous bords, y compris le sénateur-maire PS Gérard Collomb, pourtant son ami.

« Tout est vérifié ! Je revendique mon droit à la mauvaise foi, mais nous n’avons pas le droit de publier des infos erronées », proclame le truculent journaliste de 64 ans, qui revendique quelque 1.200 abonnés et entre 500 et 1.000 ventes en kiosque.

Très peu de pub, pour préserver « l’indépendance ». Mais la situation économique reste « très difficile » et ne fait qu'« empirer », reconnaît celui qui « arrive à payer son collaborateur » mais n’a pas perçu de salaire depuis deux mois.

« On ne vit que parce que, de temps en temps, deux ou trois copains nous filent un coup de main car ils sont attachés à un journal libre », confie-t-il. Mais il est « obligé de prendre des mesures drastiques pour sauver le journal ».

« Même Le Canard enchaîné a des difficultés »

« Toute la presse satirique a du mal à résister, car de plus en plus, les gens vont sur le net voir des sites comme Le Gorafi ou équivalent », observe Patrick Eveno, historien de la presse, notant que, « même Le Canard enchaîné a des difficultés, même s’il est encore sur un tas d’or et a de la marge devant lui ».

Le vénérable centenaire vient d’annoncer une baisse de 2,5 % des ses ventes, avec un résultat toutefois toujours bénéficiaire.

« Les politiques craignent ces journaux ! Leur acharnement fait qu’en province il leur arrive de sortir des scoops. Ils sont utilisés comme animateur de débats, mais je ne vois pas de réussites économiques probantes et leur survie repose sur le bon vouloir de leur promoteur », renchérit le banquier Jean-Clément Texier, spécialiste de la presse.

Certains vivent, d’autre pas

Le mensuel « La Feuille », lancé en 1976 dans le Lot-et-Garonne se glorifie de ne « pas avoir de dettes » et d’être « rentable ». Le bimestriel Fakir, à Lille, « se porte bien et fait des bénéfices », selon son rédacteur-en-chef.

D’autres « vivotent », comme « La Lettre à Lulu », à Nantes qui n’a jamais été « dans le rouge », se félicite son directeur de publication. « Heb’Di », en Alsace, reste à l’équilibre grâce à de « généreux mécènes qui n’interviennent pas dans ce qu’on écrit » selon son fondateur Thierry Hans.

A Marseille, Le mensuel « Ravi », est en redressement judiciaire jusqu’en novembre, avec un déficit de près de 55.000 euros. L’« Agglo-Rieuse », à Montpellier, est en danger de mort à cause d’une amende de 91.200 euros, infligée en 2014 par la cour d’appel de Nîmes, pour diffamation après un article mettant en cause un promoteur immobilier.