Lyon: Tout comprendre à la privatisation de l'aéroport Saint-Exupéry
TRANSPORTS•A quelques semaines du lancement de l’appel d’offres, « 20 minutes » fait le point sur ce dossier…Elisa Frisullo
Cet automne, l’appel d’offres pour la privatisation de l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry sera lancé. Et déjà, plusieurs candidats ont fait savoir qu’ils étaient intéressés. Une première sélection devrait être réalisée en décembre avant les élections régionales pour un choix final prévu en janvier. Pour vous permettre d’y voir plus clair, 20 minutes fait le point en sur ce dossier à forts enjeux économiques.
- Pourquoi l’Etat veut privatiser l’aéroport de Lyon ?
Le gouvernement souhaite céder pour 5 à 10 milliards d’euros de participations sur les 110 milliards qu’il détient dans des entreprises cotées et non cotées, dans le cadre de la loi Macron. L’objectif est de mettre le portefeuille de participations de l’Etat au service de la croissance et de l’activité. Après l’aéroport de Toulouse Blagnac, le gouvernement a donc décidé de se séparer des 60 % de parts qu’il détient dans l’aéroport de Lyon. Il pourrait en retirer 540 millions d’euros. La plateforme lyonnaise appartient également pour 25 % à la CCI de Lyon, et pour 15 % aux collectivités locales (métropole, département, région).
- Qu’en pensent les acteurs locaux ?
Les acteurs politiques et économiques de Rhône-Alpes sont favorables à cette vente, à condition, bien sûr, qu’elle permette le développement de l’aéroport. Car, avec 8,5 millions de passagers accueillis chaque année, Saint-Exupéry est le troisième aéroport régional français, mais le 47e seulement au niveau européen. « Cette privatisation, si elle est bien menée, peut être une opportunité pour l’aéroport car aujourd’hui il n’est pas à la place à laquelle il devrait être dans une région classée au 7e ou 8e rang au niveau européen, en termes de PIB », estime Emmamnuel Imberton, président de la CCI de Lyon.
Les aéroports de province réclament plus de droits de trafic
- Quels sont les enjeux économiques ?
Pour faire décoller la plateforme, la CCI, la métropole et la région réclament depuis longtemps au gouvernement l’ouverture de nouvelles lignes internationales. Avec dans leur viseur, des liaisons avec l’Asie, le Moyen-Orient, ou l’Amérique du Nord. Ces lignes directes sont indispensables selon eux pour permettre aux entreprises d’exporter dans le monde entier et doper le tourisme en Rhône-Alpes. « Depuis le lancement de la ligne Lyon-Dubaï, on voit des touristes japonais, chinois ou australiens qui ne venaient pas avant », précise Emmanuel Imberton, qui réclame depuis des mois la mise en place d’une liaison quotidienne entre les deux villes, desservies actuellement par cinq vols par semaine.
- Qui sont les candidats potentiels ?
Plusieurs candidats sont intéressés, selon l’agence Reuters. Un temps intéressé, Aéroports de Paris aurait finalement décidé de laisser tomber par crainte d’un conflit d’intérêts entre Lyon et Paris. Vinci pourrait être candidat au sein d’un consortium avec la Caisse des dépôts et l’assureur Predica. Deux fonds de pensions canadiens seraient aussi sur les rangs, tout comme les fonds souverains d’Abou Dhabi et de Singapour. L’aéroport de Genève lorgne également sérieusement sur le dossier.
Cette option est privilégiée par les acteurs locaux, pour transformer la concurrence faite par l’aéroport suisse en complémentarité. « Ce qui compte, c’est le projet industriel qui sera proposé pour placer l’aéroport dans le top dix au niveau européen. Nous étudierons chaque proposition sans a priori. Pour Genève, cela peut effectivement être un projet intéressant, car nous sommes sur la même zone de chalandise et qu’il y a encore beaucoup de réserves foncières autour de l’aéroport de Lyon (950 hectares) », ajoute Emmanuel Imberton. Alors que la plateforme de Genève est actuellement saturée.