URBANISMELyon: Les habitants de la Duchère font leurs adieux aux «1.000»

Lyon: Les habitants de la Duchère font leurs adieux aux «1.000»

URBANISMELe dernier immeuble de la barre des « 1.000 » de la Duchère va tomber ce jeudi matin. Les anciens locataires ne cachent pas leur émotion...
Pierre Comet

Pierre Comet

Ce jeudi, à 11 h 30, Fatima sera là. Aux premières loges. Avec toute sa famille. Pour rien au monde, la jeune femme ne voudrait rater le dynamitage du « 230 ». Même si elle sait que la chute du dernier immeuble de la fameuse « barre des 1.000 » de la Duchère va lui déchirer le cœur.

« C’est une page de ma vie qui va se tourner sous mes yeux, témoigne-t-elle. J’ai vécu dans la barre des 1.000 durant près de 20 ans. J’ai grandi ici. J’ai joué là avec mes amis. Quand ce dernier morceau va tomber, cela va forcément me faire quelque chose. Je ne pensais pas que la ville irait jusqu’au bout de ce projet. Je ne sais pas si je vais pleurer. Mais ma mère, oui, j’en suis sûre. Elle versera une larme. »

« Tout le monde se connaissait et s’entraidait »

Elle ne saura probablement pas la seule. Car, déjà samedi, lors l’adieu officiel aux « 1.000 » organisé par la ville de Lyon et l’Opac du Rhône, l’émotion était palpable dans le regard des anciens locataires venus par dizaines. Même si tout n’a pas toujours été rose, ils ont tous confié avoir beaucoup plus de bons que de mauvais souvenirs.

« Durant les premières années, il y avait une ambiance formidable entre les habitants, témoigne une jeune maman. Tout le monde se connaissait et s’entraidait. Il n’y avait pas d’insécurité car on veillait les uns sur les autres. Par ailleurs, la ville était toujours à nos côtés. Les animations n’étaient pas chères, elles étaient juste en bas de chez nous. Quoi qu’on en dise, cette barre pour les enfants que nous étions, c’était super. On ne retrouvera jamais une telle convivialité. »

« Il est temps de tourner la page »

Néanmoins, cette nostalgie ne signifie pas que les habitants sont opposés à la démolition. Loin de là. Et ce, même quand ils y ont vécu des moments particulièrement émouvants. « Ma dernière fille, Lyna, est née au neuvième étage du 232, sur le canapé, raconte Aïcha. C’est un souvenir fort évidemment. Pour autant, je ne suis pas mécontente que la barre soit détruite. C’est le sens de l’histoire. Elle a été construite pour l’intégration des immigrés. Désormais, il est temps de tourner la page et d’avancer. C’est bien que le quartier évolue. »

Et Renzo, 26 ans, qui a grandi dans la barre de compléter : « Ça va ouvrir le quartier sur le parc. C’est une bonne chose. On voit la Duchère changer peu à peu. C’est super. Néanmoins, j’ai un regret : le quartier évolue tellement que je ne pourrai jamais montrer à mes enfants, si j’en ai, où leur père a grandi… »