SPECTACLELyon: Bartabas rend hommage à Charlie lors de sa dernière création

Lyon: Bartabas rend hommage à Charlie lors de sa dernière création

SPECTACLEL’écuyer revient à partir de lundi aux Nuits de Fourvière pour sa dernière création « On achève bien les Anges », inspirée des attentats de janvier…
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Il était resté dans l’ombre de sa troupe Zingaro pendant plusieurs années, à savoir presque 1.000 représentations, ne se produisant qu’à de rares occasions. Bartabas revient sur scène avec un spectacle intitulé «On achève bien les anges», présenté à partir de lundi aux Nuits de Fourvière.

Pour son retour, le maître écuyer a voulu marquer le coup, signant une élégie grinçante où les clowns sont des bouchers, les anges des cavaliers face aux burqas qui rôdent.

«J’avais décidé de ne plus être physiquement en piste afin de pouvoir me consacrer à l’Académie» du spectacle équestre de Versailles, explique-t-il. Mais les attentats de janvier l’ont convaincu de remonter à cheval. «Les événements de Charlie Hebdo m’ont bouleversé», alors «j’ai éprouvé le besoin de suggérer tout cela».



Ami de Cabu

Coiffé de son éternelle casquette, l’artiste apparaît désormais sur scène en clochard trébuchant, désabusé, parfois la corde au cou ou aveugle, se laissant guider par un cheval dans un cimetière de signes religieux. Des burqas menaçantes sur échasses débarquent. Un ange nain les confronte en diffusant de la fumée avec un tuyau.

Bartabas, à la manière de Charlie Hebdo, est volontairement explicite et n’a pas peur d’être provocateur. Cabu était son ami. C’est lui qui l’a dessiné il y a 25 ans en train de braquer une boucherie chevaline, fuyant avec un cheval blanc sauvé sur son dos.

C’est d’ailleurs peut-être à lui qu’il rend hommage dans une scène saisissante où il avance sur un cheval couleur lait, bercé par la voix cabossée de Tom Waits qui accompagne toute la création.

Sabots implorant le ciel

A pas doux, le cheval tourne sur lui-même quatre fois, laissant avec ses sabots une trace qui forme des fleurs sur le sable. Le cavalier s’avance ensuite au centre de la fosse et baisse son chapeau sur son cœur.

Spectacle coup de gueule et débridé, l’auteur s’attaque aussi à «cette monstruosité qui consiste à planifier la production d’animaux, d’êtres vivants, jusqu’à en faire de la nourriture sur pattes».

C’est ainsi qu’un clown passe à plusieurs reprises sous le chapiteau avec sa boucherie ambulante remplie de «confiseries», sucettes de pieds de porc, saucisses caramélisées : «hallal, casher et je ne sais quoi», annonce-t-il au son de la fanfare.

Sous-titré «Élégies», le spectacle est assez long (2 heures) et balance le spectateur du rire à l’émotion. Comme cette scène où des anges courent après une charrette poussée par un mini-poney. Sous leur poids, le poney bascule dans les airs. «J’ai trouvé ça drôle» ; «c’est très bande dessinée», commente Bartabas.

En tournée dans toute la France

La prouesse équestre reste, elle, toujours aussi impressionnante avec des cavaliers dansant sur un cheval lancé, un autre qui traverse seul au galop un champ de mousse dans lequel se débattent les anges ou ce cheval, allongé au sol, jambes en l’air qui semble implorer le ciel.

«On achève bien les anges» est joué au parc de Parilly dans le cadre des Nuits de Fourvière jusqu’au 18 juillet. La troupe partira ensuite du 21 août au 9 septembre au CIRCa d’Auch, avant une tournée en France en 2016. Il sera également repris par Zingaro dans son fief du Fort d’Aubervilliers dès le 23 octobre.